V comme Vélo Gérard : des cyclistes au service de la Nation

Article de +Jacqueline JOUANNET
paru dans le bulletin trimestriel
Touraine Généalogie n° 103

Un industriel, Charles MOREL, réalise un prototype de vélo pliant en 1892.

À cette même époque le lieutenant Henri GÉRARD imagine l’usage d’une bicyclette pliante pour l’armée, que les soldats peuvent porter sur leur dos en mauvais terrain.

BnF Gallica
Journal La bicyclette – 5 octobre 1894

Les deux hommes se rencontrent et finalisent une bicyclette pliante qui sera produite par Peugeot : elle sera exposée au Salon du Cycle à Paris en décembre 1894.

C’est un véritable succès publique : vingt-cinq modèles seront ensuite commandés au lieutenant pour l’Armée française, mais aussi pour les armées russes et roumaines.

L’armée française : édition mensuelle
spéciale au cyclisme militaire
(publiée par L’Union militaire le 1^er janvier 1897)
BnF Gallica

Promu capitaine, GÉRARD atteint une certaine célébrité ; cela amènera la rupture de son partenariat avec MOREL, véritable père de ce concept.

Le brevet est alors vendu à Peugeot en 1899 et la bicyclette pliante est produite jusqu’en 1914, avec une version modernisée comprenant garde-boue et nouveau guidon.

En ce qui concerne l’armée, les premières expérimentations datent d’un décret du 2 avril 1892, sous la direction du Capitaine GÉRARD : il crée dans son régiment, le 87^ème de Ligne, un groupe de 12 cyclistes. En 1898, ce groupe atteint l’effectif d’une compagnie. Des unités expérimentales sont créées à partir de 1895 : le 17 juin 1896 leur tenue est fixée. Le 9 mai 1899, le 2^ème et le 6^ème Corps sont dotés de compagnies cyclistes.

L’importance de ce vélo est officiellement reconnue en 1901 : le 14 juillet, les fantassins cyclistes défilent sur les Champs Élysées ; GÉRARD est alors reçu par le président de la République.

En 1903, toutes les compagnies cyclistes sont transférées à des corps de chassseurs. Le 20 mai 1905, elles sont transformées en compagnies permanentes. Petit à petit l’intérêt pour des unités cyclistes se perd et ne refait surface que dans les années 1911-1912.

Le 4 avril 1913, un décret prévoit la création des Groupes de Chasseurs Cyclistes : ces GCC sont officiellement constitués à partir d’octobre 1913.
Ces corps de chasseurs autonomes sont rattachés aux dix divisions de cavalerie.

Chaque chasseur est équipé d’une bicyclette pliante modèle Gérard, qui pèse 13 kilos ; elle est toujours fabriquée par Peugeot et est équipée de pneumatiques Michelin.
Le chasseur porte le képi, mais a la vareuse et le pantalon bleu foncé des chasseurs. Ces chasseurs cyclistes sont souvent confondus avec les agents de liaison cyclistes des régiments d’infanterie : ceux-ci ont la même vareuse, mais avec un insigne figurant un vélo sur le collet.

Ces compagnies sont transformées en 10 groupes de chasseurs cyclistes subordonnés aux 10 divisions de cavalerie de l’armée française. Ces groupes comprennent 2 capitaines, 1 médecin, 1 officier des détails, 1 état-major de 17 hommes, 3 pelotons à 2 officiers et 8 sous-officiers, 121 caporaux et chasseurs ; chacun est divisé en 3 escouades, soit au total 417 hommes.
Leur rôle est de soutenir la cavalerie amie et de lui apporter des capacités de combat d’infanterie contre la cavalerie et l’infanterie adverses.

Dans les premières semaines de la guerre, ces groupes ont un rôle actif dans leurs divisions de cavalerie.
À partir de 1915, les réservistes de la cavalerie remplacent progressivement une partie des chasseurs cyclistes. En juin 1916, ils sont réduits de moitié.

Ces groupes sont utilisés lors de la bataille des frontières et la bataille de la Marne, mais leur activité s’arrête avec la guerre de mouvement de 1916 à 1918. En 1918, l’effectif revient à son maximum et les chasseurs cyclistes sont à nouveau au premier plan.

Sources
– Gallica
– www.vieuxvelosdefrance.free.fr
– www.velo-design.com/bicyclette-pliante-capitaine-gerard