Article de Catherine BAS-DUSSEAULX rédigé avec la collaboration de Philippe MIRANDA – Paru dans le Touraine Généalogie n° 5 – 1er trimestre 1991 pages 163 et 164 Rubrique « La Gazette des Paroissiaux »
On dit souvent que les femmes mènent le monde ! Peut-être cela viendra-t-il un jour !
Mais sous l’Ancien Régime, si cette idée reçue était quelquefois vraie pour des femmes à forte personnalité et à la position exceptionnelle, l’ensemble de leurs compagnes ne connaissait pas un sort enviable. Cependant les registres paroissiaux devaient quand même leur faire une place et les aléas de leur condition s’imaginent au fil des pages.
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Elle est parfois considérée :
A Montrésor, le 15 janvier 1708 est décédée demoiselle Marguerite ASSELIN sœur de la Communauté du Saint Enfant Jésus de la Ville de Paris, à 5 heures du matin au château de ce lieu où elle demeurait en qualité de maîtresse d’école pour les filles, étant âgée de 51 ou 52 ans. Son corps a été inhumé en le cimetière de cette paroisse selon que l’avait ordonné, par nous prêtre, bachelier en théologie, doyen chanoine et curé soussigné assisté de tous les Messieurs de notre Chapitre. La dite dame étant de la paroisse du Chapitre.
signé : Granville doyen et curé de Montrésor.
Parfois méprisée :
A Loches, le 19 juin de l’an 1697 a été enterrée au cimetière Saint-Ours sans procession, Catherine CORNU de la paroisse de Bossée qui ayant été amenée prisonnière est morte en la prison.
Signé : F. Vassard des Fontaines, vicaire.
Mais la grande affaire reste la « faute » :
A Azay-le-Ferron (Indre), le 27ème jour d’avril 1713, j’ai baptisé un enfant illégitime dont le père est inconnu et la malheureuse indigne et incorrigible mère s’appelle Louise GATAUX veuve de feu Jacques COQUERON. Le parrain Laurent MORIN et la marraine Marie PORCHER qui ne savent signer.
Signé : Morin, Bouchet curé d’Azay.
A Reignac-sur-Indre, est née le 22 décembre 1720 Jacquette CHAUCHEMICHE, fille naturelle de Jacquette, qui a fait sa déclaration en justice qu’elle était du fait du défunt le Sieur Daniel COX.
Il est vrai que le Sieur COX était lieutenant d’une Compagnie Française de Monsieur le Comte de Reignac, agent de Madame de Reignac, et qu’il avait eu la mauvaise idée de passer de vie à trépas le 22 octobre 1720 !
Dans cette hantise et compte tenu du véritable rejet social qui découlait de cette situation, les abandons d’enfants étaient nombreux, ont perduré pendant des siècles et ont donné lieu à des situations relatées par les curés :
A Jaulnay, l’an 1791, le 7 du mois d’août, nous soussigné curé constitutionnel de la paroisse de Jaulnay avons baptisé Pierre DUMOULIN, ainsi nommé pour avoir été remis auprès d’un moulin entre les mains de Marie POUAN par un inconnu, hier au soir 2 heures après le jour couché, en présence de son mari Pierre VERIGAULT, lesquels ont rapporté que l’inconnu demandant une femme nourrice l’a laissé en leur présence et a pris la fuite sans pouvoir le connaître promettant récompense pour le soin qu’on en prendrait. Lequel enfant nous ayant été présenté par les deux personnes ci-dessus dénommées et par les sieurs Pierre MONNEREAU, maire et Vincent GAULTIER officier municipal sur le réquisitoire qu’en a fait le Sieur BOIN de Marigny juge de paix du canton de Marigny Marmande après avoir dressé le procès-verbal de la levée de l’enfant et nous a présenté un billet qui s’est trouvé sur l’enfant sur lequel était écrit : « cet enfant est nommé Pierre, il est recommandable, on récompensera celle qui en aura soin soit nourrice particulière, soit hôpital général en présentant le dit billet » avec le cachet cy présent dont est original, sur lequel est une empreinte de cachet en cire rouge, lequel billet le juge de paix la retenu pour être attaché à son procès-verbal.
L’enfant paraît être né depuis deux ou trois jours.
Le parrain a été François CAILLÉ garçon meunier âgé de 25 ans de la paroisse de Chaveignes, la marraine Marie DESMÉS de la paroisse de Braye, lesquels ont déclaré ne savoir signer de ce interpellé.
Signé : Rivière, curé constitutionnel de Jaulnay.
Et, c’est seulement si elle a la « chance » de se retrouver veuve et qu’elle a la possibilité matérielle de le rester qu’elle jouira d’une autonomie et d’une indépendance cependant bien naturelle
A Montrésor, le 16 février 1705, on assiste au mariage de Gilles BERCHERY veuf de Françoise BONVOY. Il est âgé de 38 ans et il « épouse en face de notre Sainte Mère l’Église Andrée PERREAU veuve pour la seconde fois (sic) de François MUSNIER, âgée de 35 ans… ».
Signé : Granville, doyen.
Bonjour, Attention à la 1ère transcription fautive, qui change le sens : selon quel (=qu’elle) l’a ordonné, ce qui signifie que la défunte a programmé sa cérémonie d’inhumation et que l’on respecte ses dernières volontés comme celles de tous ceux qui les expriment, qu’ils soient hommes ou femmes. Le cas d’Azay-le-Ferron : il arrive qu’une veuve se trouve enceinte sans s’être remariée, une fois, rarement deux, mais celle-ci était coutumière du fait et devait voir passer beaucoup d’hommes du village. Il est très rare aussi que le curé écrive un tel jugement. On sent derrière sa main la haine de… Lire la suite »