Une tranche de vie à Parçay-sur-Vienne

Article rédigé par M. et Mme André GUÉRIN,
paru dans le Touraine Généalogie n° 82
du 2^ème trimestre 2010

La vie rurale de nos ancêtres était rude, physiquement et économiquement. Heureusement les travaux et les tâches de toutes sortes étaient souvent entrecoupés par des journées de jouissances (baptêmes, mariages…), mais aussi par de fortes manifestations de la foi qui régnait alors sur la plupart des communautés humaines.

À Parçay-sur-Vienne, le 25 avril 1711 jour de Saint-Marc, le curé de Parçay (un certain sieur DUPLEX) conduit ses paroissiens sur une longue procession à travers tout le village, ponctuée de litanies, avant de revenir vers l’église paroissiale pour les vêpres.

Remembrements et transformations de la nature ne permettent plus d’effectuer de nos jours la totalité de ce parcours, mais il reste assez de précisions sur les lieux cités pour faire revivre ces lieux, témoins muets mais fidèles de la vie quotidienne.

Suivons donc les prêtres dans leur itinéraire :

« Le vingt cinquième jour d’avril 1711 jour de St Marc, notre procession est partie de notre église de Parçay pour aller passer à la Musse tout le long de la rivière de Vienne jusque au Ruisseau de la Villinière qui sépare la paroisse de Parçay davec celle de Pouzay, de la elle a suivi le ruisseau de la Vallinière jusque au lieu appellé le becq qui est la borne qui sépare les paroisses de Rilly, de pouzay et de parçay et dela elle a traversé les marais de la Cantinière et a monté derriere les métairies de la fuye et de la aux vignaux en continuant vers les bois au dessus des varennes, de la poulinière, de vauroyer, au chesne appellé vulgairement les chesne malheureux à la croix de lallier et de la, elle a passé au dessus des geleaumes dans les bois du Colombier, au dessus de la Grande métairie de puchard, dans le village de puchard, et de la elle a dessendu par le chemin de puchard à champmaurin, a la planche a Migny le long de la rivière de Vienne, au port de mougon et sesanfin rendue à la ditte église paroissiale de parçay et les litanies finies, nous avons chanté vêpres.
Signe : Rabotteau vicaire de parçay et Duplex, curé de Parçay »

Pourquoi ce 25 avril et pourquoi le jour de Saint Marc ?
Cette procession était-elle habituelle ou, au contraire,
provoquée par un évènement particulier ?

Un second acte plus succinct, mais signé du même curé dix ans plus tard, nous donne une partie des explications :

Quelle randonnée ! Sans doute pas loin d’une vingtaine de kilomètres ! Toute la paroisse est visitée, et surtout ses points les plus éloignés.

Certains lieux cités dans l’acte ne sont plus strictement identifiables de nos jours : le ruisseau de la Vallinière, le Becq, la Fuye, le Chêne Malheureux, les Gélaumes tout comme le bois du Colombier, mais les autres toujours présents balisent parfaitement le parcours.

Les fermes sont toujours là : La Cantinière, Les Vigneaux, Vauroyer, Puchard, Les Musses, Migny, qui depuis au moins trois cents ans ont vu vivre et se succéder des générations de laboureurs, fermiers, propriétaires plus ou moins à l’aise, heureux souvent malheureux certains jours, la vie !

Et la Croix de l’Allier, vigile et borne, placée là sans doute pour signifier aux passants qu’ils vont s’engager sur les chemins d’une autre paroisse…