
Article de Patricia PILLORGER
du Centre Généalogique de Touraine
François-Pierre CHAUMETON est né le 20 septembre 1775 à Chouzé-sur-Loire, une paroisse des bords de Loire. Fils aîné de François CHAUMETON, chirurgien, et de Jeanne Françoise DUCHASTEL, il demeura leur fils unique après la disparition prématuré de son jeune frère. Il n’a que 12 ans lorsque son père disparaît à son tour. Ses ancêtres paternels sont originaires de Saint-Amand-Montrond (18) et maternels de Chouzé-sur-Loire et la Chapelle-sur-Loire.
Passionné par les langues qu’il a découvertes dans les dictionnaires et ayant une forte aptitude à les retenir, François-Pierre quitte la Touraine avec sa mère pour Paris. Il choisit la voix de la chirurgie comme son père et étudie la médecine et les sciences auxiliaires. Repéré par Nicolas HEURTELOUP, chirurgien en chef des Armées de Napoléon Ier, il est nommé dans l’Armée de l’Ouest en qualité de chirurgien en 1793 : il a tout juste 18 ans.
Trop sensible et horrifié par l’état sanglant des blessés, François-Pierre abandonne la chirurgie et s’oriente vers la pharmacie en 1796. Il approfondit alors ses connaissances en histoire naturelle, chimie, botanique et zoologie. Un an plus tard, il devient pharmacien attaché à l’Hôpital militaire du Val-de-Grâce à Paris, où il enseignera jusqu’en 1800.
Dans le même temps, François-Pierre se marie le 29 mai 1799 à Paris avec Julie Claire ROUSSEREAU, originaire de Touraine, fille de François, juge du tribunal de Grande instance de Tours et Anne Claire LEDET. Un an plus tard, leur première fille Jeanne Armantine naît, puis en 1802 c’est au tour de Sophie Françoise. Le bonheur sera de courte durée. Alors que sa plus jeune fille n’est âgée que d’une semaine, son épouse Julie décède, suivie de sa mère Jeanne quelques semaines plus tard.
Arbre généalogique de François-Pierre
Très affligé par ces disparitions, François-Pierre se plonge dans le travail et poursuit le classement, débuté il y a quelques années, des nombreuses notes accumulées au cours de ses voyages dans les armées, sur ses observations et l’acquisition de ses connaissances. Alors qu’il s’apprête à transmettre son manuscrit sur la zoologie médicale à l’impression, un nouveau malheur vient le frapper. Un incendie détruit en quelques minutes sa bibliothèque, ses manuscrits et ses nombreuses notes.
Soutenu par son entourage, François-Pierre est envoyé pendant deux années en Hollande comme médecin. Il rentre en France pour présenter sa thèse « Essai d’Entomologie médicale » à l’école spéciale de médecine située à Strasbourg. En 1805, il obtint son diplôme de Docteur en médecine, avant de partir avec les troupes de Napoléon Ier en Autriche. Il continue à s’instruire en parcourant les bibliothèques des villes qu’il traverse.
En 1809, l’état de santé de François-Pierre se détériore, il assume de plus en plus difficilement sa fonction de médecin militaire. Il fait alors valoir ses droits à la retraite qu’il obtient en 1810.
Ne pouvant plus exercer la médecine pour des raisons de santé, François-Pierre publie les résultats de ses recherches dans les journaux scientifiques tant en France qu’à l’étranger. Ses articles sont reconnus pour leurs valeurs scientifiques. En 1812, il est sollicité pour participer à la rédaction du Dictionnaire des Sciences Médicales, qui sera édité en 60 volumes, tout en continuant à écrire pour le Journal universel des Sciences Médicales.

Néanmoins le chef-d’œuvre de François-Pierre est la « Flore du Dictionnaire des Sciences Médicales ». La Flore médicale est un ouvrage détaillant de nombreuses espèces végétales. Etudiée individuellement, chaque fiche classée par le nom « connu » en France, reprend le nom en grec et latin et en plusieurs langues, auquel s’ajoutent les autres noms en français. L’espèce est ensuite décrite botaniquement avec des termes simples, sans terme technique, donc compréhensible par tous.
Ses qualités médicales, sa distribution géographique, son exploitation dans les industries, l’alimentation ou la pharmacie et un index bibliographique sont reportés dans la fiche. Une planche colorée de l’espèce la complète ; toutes ces planches sont réalisées par de grands artistes et reprennent la racine, le feuillage, les fleurs et le fruit de l’espèce.
François-Pierre va rédiger toutes les fiches jusqu’à la lettre G. Il se fera ensuite aider par deux autres botanistes pour la description des fiches, tout en conservant l’étymologie et la bibliographie. Au final, la première édition, éditée entre 1814 et 1818, est composée de six volumes et contient 350 planches. Compte tenu de son énorme succès, plusieurs éditions suivront au cours du XIXème siècle.
François-Pierre est ralenti par la maladie, mais il ne peut s’empêcher de continuer à s’occuper utilement. Ses amis diront qu’il s’est tué au travail, il disparaît à son domicile parisien le 10 août 1819, à l’approche de son 45ème anniversaire. Il laisse deux orphelines encore mineures, âgées respectivement de 19 ans et 17 ans.
Il n’existe pas de portrait de François-Pierre CHAUMETON, y compris dans ses ouvrages. Le témoignage de ceux qui ont travaillé à ses côtés disent qu’il était un médecin compétent doté d’une bonne dose de compassion. Qualifié de rigoureux et d’ordonné, de nature impartiale et intègre, François-Pierre est un homme passionné qui faisait appel au bon sens et qui n’hésitait pas à remettre en cause ce qui n’était pas fondé.
Bien que parti à Paris pour ses études puis ses recherches et consacrant beaucoup de temps à son activité, François-Pierre est resté attaché à la Touraine. Il a été adhérent de la Société des Sciences, Arts et Belles Lettres de Tours et la Société médicale d’Indre-et-Loire.

Le nom de CHAUMETON a été donné à une rue
en Touraine, la rue de la bibliothèque municipale
à Bourgueil.
Sources :
– Archives départementales du Cher (18), d’Indre-et-Loire (37), de Paris (75), registres paroissiaux et d’état civil
– Gallica, bibliothèque numérique de la BNF, « François-Pierre CHAUMETON, médecin chouzéen des armées napoléoniennes », Bulletin des Amis du Vieux Chinon, de Caroline MOUILLARD et Claude VIEL, année 2003, pages 723 à 734.
– François-Pierre CHAUMETON, « Flore médicale », planche et fiche n°138, CRESSON, tome III, édition de 1833
– Photo, collection personnelle de Chantal EDELIN (CGDT n° 1801)
