
Article de Arlette LE MARÉCHAL,
administratrice du
Centre Généalogique de Touraine
Les épidémies ont existé en France de longue date mais celle connue sous le nom de suette miliaire est aussi accompagnée de peur dans les populations qui avaient été atteintes très sévèrement en 1832, 1849 et 1854. Sa place entre la peste et le choléra justifie cette perception. Elle n’est pas toujours mortelle, mais il peut arriver que le pourcentage de décès soit important (à Oléron, en 1880, elle a fait mourir 30 % de la population).
En Indre-et Loire, c’est à Rochecorbon que s’est déclarée cette épidémie à partir de février 1857 et elle s’est prolongée jusqu’au mois de mai. Elle a été précédée d’apparition de nombreux cas de rougeole, en particulier dans les écoles. Pour certains malades l’évolution a suivi le cours normal mais d’autres cas ont connu des complications. Le médecin du lieu, le Docteur LABED (LEBLED), n’a pas pu identifier rapidement les symptômes de la suette tant ils étaient proches de ceux de la rougeole.
Puis sont arrivées chez les malades ces sueurs très importantes, accompagnées d’odeurs fortes qui ont donné son nom à la maladie et là, le doute n’était plus permis : c’était une épidémie de suette miliaire.
L’habitude voulait que l’on couvre beaucoup les malades et qu’on calfeutre toutes les issues. Ce médecin, jeune et sans doute formé différemment, entreprit de traiter les malades avec d’autres méthodes. Au lieu de les saigner, il les fit se découvrir et commença à leur administrer du sulfate de quinine qui était un traitement contesté. La maladie n’empirant pas, il augmenta les doses, mais avec toujours beaucoup de précision et en surveillant les effets. Il poursuivit l’expérience et obtint des rétablissements, des guérisons. Il s’aperçut aussi que le traitement était plus efficace s’il était donné tout de suite, avant l’éruption.

Il fit venir pour l’aider à juguler l’épidémie et constater les effets de son traitement deux confrères, les Docteurs HAIME ET THOMAS. Ils travaillèrent aussi à rechercher l’origine de l’épidémie. Celle-ci semblait se développer le long de la Loire, quelques cas à Tours, puis à Sainte-Radegonde et à La Chapelle-sur-Loire après Rochecorbon. Le Dr Labed en déduisit que les origines étaient multiples : d’abord l’insalubrité des logements et des lieux signalés de longue date au Préfet, mais surtout les débordements de la Loire qui avaient atteint les cimetières proches de l’eau et laissé des zones marécageuses.
Le Dr LABED présenta le récit de cette épidémie (traitement, constatations, origines) à la Société médicale du département d’Indre-et-Loire, soutenu par ses deux confrères, en 1857.
Il devint maire de Rochecorbon en 1870.
Généalogie du Dr LABED (LEBLED)

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Sources :
– Labed (Lebled) Pierre 1813 – 1884 Mémoire sur l’épidémie de rougeole et de suette miliaire BNF Gallica.
