
« Dès l’été 1870, alors que Tours n’est pas concerné par les convois militaires, Eugène GOÜIN et ses adjoints font installer à la gare de bifurcation vers Saint-Pierre-des-Corps un buffet gratuit, largement approvisionné par tous les habitants, riches et pauvres, comme cela se pratique dans beaucoup de villes et bourgades du département, à l’intention des soldats envoyés vers l’Est.
En décembre 1870, l’avance prussienne se poursuit
« Vendôme est aux mains de l’ennemi le 16 décembre 1870, Châteaurenault le 18. Les Allemands occupent la Grande Vallée, Villedomer, Auzouer et sont à Monnaie le 20. Un combat s’engage à Notre-Dame-d’Oé : ils en sortent vainqueurs.
Quelques cavaliers descendent par la Tranchée et pénètrent dans la ville de Tours, procédant à une reconnaissance. Ils en repartent assez rapidement, non sans que des coups de feu aient été échangés. En revanche, un groupe plus important installé sur les hauteurs de Saint-Symphorien bombarde la Place et la Rue Royale, faisant plusieurs victimes. Cependant l’armée prussienne n’occupe pas immédiatement la ville. »
19 janvier 1871 : jour de deuil
Dix heures du matin : M. le Préfet d’Indre-et-Loire quitte Tours et se rend à Chinon. Monsieur FLANDIN, conseiller de préfecture, le remplace.
Onze heure et demie : Un corps d’armée prussien composé d’infanterie, de cavalerie et d’artillerie, entre à Tours qu’il est destiné à occuper.
« L’une des colonnes ennemies, venant de Châteaurenault, comportant de l’infanterie, de la cavalerie et de l’artillerie, descend de la Tranchée, traverse sur le pont la Loire qui charrie des blocs de glace, et fait par un froid polaire son entrée en musique à Tours.
Les soldats sont logés dans les casernes et les baraques des quais, les officiers dans les hôtels et quelques maisons particulières, le général HARTMANN et son état-major en l’hôtel de l’Univers, le commandant de la place colonel SCHOELER et ses services en l’hôtel de la Préfecture, où le colonel tient à disposer de la chambre de GAMBETTA.
L’occupation n’est pas meurtrière mais lourde dans toute l’Indre-et-Loire par le poids des réquisitions auxquelles elle donne lieu. Entre les contributions imposées en espèces et les rations pour hommes et chevaux, elle aura coûté près de 7.000.000 de francs au département. »
28 janvier 1871 : Signature de l’armistice à Versailles après la capitulation de Paris.
26 février 1871 : conclusion des préliminaires du traité de paix
« C’est pour la Touraine la certitude de sa libération prochaine. En effet, les troupes prussiennes se retirent peu à peu à partir du 4 mars. »
Le jeudi 9 mars, à huit heures du matin, après sept semaines complètes d’occupation, Tours fut enfin complètement libérée de la présence de l’armée prussienne.
Durant les deux mois d’occupation ennemie, un homme a fait preuve d’un dévouement admirable et d’un courage exemplaire, bataillant avec les autorités allemandes pour faire réduire l’étendue des réquisitions : le maire de Tours
Eugène GOÜIN

Né à Saint-Symphorien aux Douets le 18 septembre 1818, petit-fils d’Alexandre GOÜIN, banquier, et de Marie Madeleine BENOIST de la GRANDIÈRE, il épousa Louise CHRISTIN en 1842.

« A travers la France »
(Edmond Jules, photographe)
Il fut propriétaire de l’hôtel de la rue du Commerce, acheté par son ancêtre Henri-François en 1738 pour 18.000 livres lors d’une vente aux enchères d’un bien indivis et que les Tourangeaux nommeront « Hôtel Goüin ». Il fit en outre construire en 1866 le bâtiment occupé par la Caisse d’Épargne boulevard Béranger, de 1884 à 1887 le Castel Béranger (siège de l’École de Droit, puis de l’École supérieure des Beaux-Arts et enfin de la fondation Rabelais).
Directeur de la banque GOÜIN Frères, grand bourgeois libéral et grand brasseur d’affaires internationales, il passa avec bonheur de l’allégeance à l’Empire au soutien à l’ordre moral puis, enfin, à une république très modérée.
Par le décret du 28 novembre 1866, il fut appelé aux fonctions de maire de Tours, fonctions qu’il exercera jusqu’en février 1874. Pendant son mandat, il connut les difficultés consécutives à la Guerre de 1870 et défendit avec énergie et dévouement les intérêts de la ville.
Conseiller municipal dès 1848, conseiller général en 1867, il fut élu député le 8 février 1871 et siégea à la fameuse « chambre introuvable ».
Il participa à la commission du budget ; nommé rapporteur général de l’Assemblée de Bordeaux, en 1872, il vota pour la paix, l’abrogation des lois d’exil et contre le retour de l’Assemblée à Paris. En 1875 il approuva la constitution.
Sénateur le 15 décembre 1875, vice-doyen du Sénat, il multiplia les charges et les présidences de sociétés et d’associations (Colonie agricole de Mettray, Commission de surveillance de la Caisse des Dépôts et Consignations, Conseil d’administration de la Banque de Paris et des Pays-Bas, Chambre de Commerce de Tours, etc.).
Dans toutes ses interventions aux séances de la Société Archéologique de Touraine, il manifesta son souci d’urbanisme et son désir de voir enrichi le patrimoine culturel de la ville.
Il participa aussi aux activités de l’usine de Portillon et de la papeterie de Marnay.
Eugène GOÜIN mourut à Paris VIIIème le 31 mai 1909.
Extrait de la généalogie d’Eugène GOÜIN
Sources :
– La Touraine pendant la Guerre 1870-1871 (V.-R. AUBIN – Imp J. LEFORT – 1ère partie Tablettes chronologiques)
– 1800-1940 La Touraine dans l’Histoire (A. de GIRY – éd. CLD)
– « Les Maires de Tours du XVe au XIXe siècle » (Atelier Généalogique de Touraine 1987)
– « Les GOÜIN, une famille tourangelle de renom » (Alain JACQUET 2015)
Intéressant, Evelyne ; est-ce qu’il y a encore des descendants d’Eugène Goüin ?