Demain nous changeons de calendrier !

Article rédigé par Catherine BAS-DUSSEAULX, Vice-présidente du Centre Généalogique de Touraine.

Depuis l’aube des temps humains, on a toujours vu le ciel s’éclairer puis s’obscurcir, le soleil apparaître puis disparaitre et la lune se montrer, entourée quelquefois d’étoiles différentes.
On s’apercevait bien aussi que la nuit était plus longue à l’époque du froid et des neiges et que le jour grandissait lorsque les feuilles revenaient sur les arbres. Bientôt viendraient les fruits et les grandes chaleurs puis, de nouveau, les arbres perdraient leurs feuilles.
Les vies du soleil et de la lune réglaient ainsi le cycle des hommes : il fallait 9 lunes pour qu’une femme donne naissance à son bébé, il en fallait 12 pour que le soleil accomplisse un cycle etc.
Bientôt se fit sentir la nécessité d’établir une division du temps en périodes adaptées à la vie sociale : ainsi naquit le calendrier.

La plupart des peuples anciens le firent en partant de l’observation de la lune et en créant 12 mois de 29 jours. Mais très vite on s’aperçut que cela amenait à une année de 354 jours, inférieure à l’année solaire. Alors chacun s’employa selon ses moyens et ses idées à faire coïncider la lune et le soleil !
Pour les Chinois, on ajouta au calendrier lunaire une période intercalaire tous les 19 ans. Les Égyptiens adoptèrent un calendrier solaire de 12 mois de 30 jours et y ajoutèrent 5 jours supplémentaires appelés « épagomènes ».
Les peuples de l’Asie Mineure, fidèles au calendrier lunaire, y ajoutèrent un mois de temps en temps. Les Hébreux firent de même et ajoutèrent un mois à certaines années d’un cycle de 19 ans.
En Grèce, c’était plus compliqué car on utilisait le cycle des Olympiades pour rythmer le temps et l’année ne commençait pas partout au même moment : solstice d’été ou d’hiver !


Le calendrier julien

Jules César d’après l’antique par Ambrogio Parisi
(Jardin des Tuileries – Paris)

A Rome, enfin, le calendrier était lunaire, composé d’abord de 10 mois, puis de 12.
Mais les désordres accumulés par les différences entre lunaire et solaire atteignirent leur paroxysme en 46 av. JC.
A cette époque, on constatait un décalage de 3 mois par rapport aux phénomènes atmosphériques : ainsi l’hiver arrivait en septembre ! Alors CÉSAR intervint : cette année-là il y ajouta 67 jours, puis décida que l’année débuterait le 1er janvier de l’année suivante qui était la 709ème depuis la création de Rome.
Le calendrier devenait solaire et comptait 365 jours ¼, et on y ajouterait 1 jour tous les 4 ans : ce « bis sextus dies ante calendas » donna alors son nom à nos années bissextiles. C’est le calendrier « julien »

A ce moment janvier et février devinrent les 1er et 2ème mois de l’année, alors qu’ils étaient auparavant les 11 et 12ème !
On ne changea toutefois pas le nom des autres, si bien que « september » (le 7ème) devint le 9ème et ainsi de suite. Le premier jour de l’année, CÉSAR l’avait donc placé le 1er janvier, mais les Gaulois le placent le 1er mars. CHARLEMAGNE le fixa à Noël, les premiers Capétiens le mirent à Pâques, ce qui le rendit mobile et aboutit à des années de longueur inégale !
Enfin en 1564, CHARLES IX en revint au 1er janvier.

Mais, vers 1500, on avait déjà entrepris de corriger un défaut du calendrier julien qui finalement comptait 11 minutes de trop, si bien qu’à cette période le décalage cumulé atteignait déjà 10 jours.


Le calendrier grégorien

Grégoire XIII

Le pape de l’époque, GRÉGOIRE XIII, se chargea de la réforme qui porte son nom et son calendrier devint le calendrier « grégorien », le nôtre.
D’abord il effaça le retard : en Italie et en octobre 1582, 10 jours furent tout simplement supprimés et le jeudi 4 fut suivi du vendredi 15. Puis, pour résoudre le problème des 11 minutes, il fut décidé que les années séculaires ne seraient pas bissextiles, sauf si elles étaient divisibles par 400.
C’est pourquoi l’année 2000 a été bissextile, alors que 2100 ne le sera pas.
En France la réforme grégorienne a été adoptée en décembre 1582 et le 9 fut suivi du 20.

Cela fait donc presque 450 ans que nous vivons sur ce rythme, mais qui sait, s’il n’évoluera peut-être pas encore un jour ?

Car nous avons déjà connu une parenthèse dans ce déroulement : la Révolution Française de 1789, décrétant l’abolition de « l’ère vulgaire » comme de bien autres choses, créa un nouveau calendrier.


Le calendrier révolutionnaire


Le mathématicien ROMME le présenta à la Convention le 20 septembre 1793 et le poète FABRE d’ÉGLANTINE le dota de pittoresques appellations.
Le premier jour de l’année fut fixé rétrospectivement au 22 septembre 1792.

L’année comprenait 12 mois de 30 jours, divisée en quatre saisons :

  • l’automne avec « vendémiaire, brumaire, frimaire »,
  • l’hiver avec « nivôse, pluviôse, ventôse »,
  • le printemps avec « germinal,  floréal, prairial »,
  • et enfin l’été avec « messidor, thermidor et fructidor ».

Aux 12 mois s’ajoutaient 5 jours, dits « les sans-culottides »

  • primidi, dit « jour de la vertu »,
  • duodi, dit « jour du génie »,
  • tridi, dit « jour du travail »,
  • quartidi, dit « jour de l’opinion »,
  • quintidi, dit « jour des récompenses »,

et pour les années bissextiles (ans III, VII et XI) s’ajoutait encore 1 jour : sextidi, dit « jour de la Révolution ».

Le calendrier républicain

Cette pratique restera en vigueur jusqu’au 1er janvier 1806, date à laquelle NAPOLEON Ier rétablit le calendrier grégorien.


Sources :
BARRET Pierre, GURGAND Jean-Noël et TIEANT Claire : « Almanach de la mémoire et des coutumes 1980 »
Hachette
Dictionnaire Pratique QUILLET, 1968

Gallica
Wikipedia

Calendrier universel et perpétuel (Gallica)

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Christian PELLETIER
Christian PELLETIER
2 années plus tôt

Très belle initiative que ce rappel des différents calendriers qui ont rythmé la vie de l’Humanité. L’horloger apprécie.
Je me souviens d’une Bourse Horlogère à Mer (Loir & Cher) où était présentée une horloge de voyage sur laquelle avait été créé un calendrier révolutionnaire. C’était l’oeuvre du Meilleur Ouvrier de France 1989, année du bicentenaire de la révolution.
Une pure merveille!
Merci et bonne année 2021.

véronique
2 années plus tôt

superbe

Pierre NOULIN
Pierre NOULIN
2 années plus tôt

Pierre NOULIN CGDT 1388
Bravo pour tous ces articles qui sont toujours intéressants voire souvent passionnants. Merci à tous les auteurs qui nous font partager le fruit de leurs recherches et leur érudition.
Meilleurs voeux généalogiques à tous.