Des constructeurs automobiles en Touraine

Article de Guy ROUSSEAU
du Centre Généalogique de Touraine

La France comptait plus d’un millier de constructeurs au début du XXème siècle alors que le parc automobile se contentait de quelques milliers de voitures. Ce chiffre retomba brutalement à cent soixante-dix-sept vers 1920 et à moins d’une trentaine 15 ans plus tard. Sur les registres de la préfecture d’Indre-et-Loire, à partir de 1899, on note que le département n’a pas échappé à cette boulimie technologique.

Émile DELAHAYE

Il naît le 16 octobre 1843, 30 rue de l’Ancienne Intendance (actuellement rue des Halles) à Tours. Son père, Pierre François est tapissier et sa mère Marguerite Euphrasie était fille de boutique lors de leur mariage en 1833. Théodore DELAHAYE (oncle d’Émile) est installé dans le même immeuble que son frère et, très tôt, les enfants vivent dans une ambiance d’atelier où l’on fabrique des appareils pour le gaz, des lampes de tous genres et quantité d’autres produits qui ont, sans doute, influencé Émile pour le choix d’un métier.

A l’issue de brillantes études, il entre très tôt au bureau d’études de la Maison CAIL et Compagnie spécialisée dans le matériel ferroviaire. Après la guerre de 1870 il est nommé ingénieur en chef de la succursale de Bruxelles.
Le 11 novembre 1873, il épouse à Bléré Olympe Marie Adèle BLANCHET, fille d’un ancien entrepreneur de travaux publics.
Le 30 juin 1879 il prend, avec son épouse, la succession de Louis Julien BRETHON dans un établissement industriel rue du Gazomètre à Tours (devenue rue Delpérier), spécialisé dans la fabrication de matériel agricole et d’outillage pour tuileries.
Dès 1889, en tant que constructeur de moteur à gaz et à pétrole, il obtient à l’Exposition Universelle de Paris deux médailles d’argent et une d’or et un grand prix à l’Exposition Nationale de Tours en 1892.
Le 23 juillet 1894, une course organisée par « Le Petit Journal », Paris-Rouen permet de faire figurer une première voiture à vapeur pilotée par son ami Ernest ARCHDEACON.
Le premier modèle commercialisé sera présenté à l’Exposition du Cycle à Paris en 1895 et prendra le nom de Type 1.
Participant à la course Paris-Marseille-Paris soit 1710 km en 1896, Ernest ARCHDEACON terminera 7ème et Émile DELAHAYE 10ème.
En 1897, la marque enlève le 1er et le 3ème prix de la course Paris-Dieppe.
Après toutes ces compétitions, la marque DELAHAYE commence à être connue et, le 30 octobre 1897, il signe à Paris un acte de création de société avec deux beaux-frères, Léon BOUTHEROUE-DESMARAIS et Georges MORANE. Son siège est à Paris avec succursale 34 rue du Gazomètre à Tours. Une importante usine sera construite 10 rue du Banquier à Paris, mais notre constructeur continue de s’occuper de la succursale tourangelle et demeure dans la maison contigüe à l’atelier.
Émile DELAHAYE cesse son activité le 31 janvier 1901. Après son départ, une nouvelle société est créée entre Léon BOUTHEROUE-DESMARAIS, Louis Georges MORANE et Samson Gédéon LACROIX. Il est stipulé qu’il n’y aura plus de fabrication de voitures automobiles.
A la mort de M. LACROIX en 1904, DESMARAIS et MORANE, propriétaires du nom et de la marque DELAHAYE, peuvent en faire librement usage.
L’usine cessera son activité en 1954.
Les obsèques d’Émile DELAHAYE ont lieu le mercredi 7 juin 1905 à Vouvray devant une nombreuse assistance ; on peut encore voir sa chapelle funéraire dans ce cimetière.

Généalogie Émile DELAHAYE sur fond de Type 1

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ROLLAND-PILAIN

François ROLLAND, riche propriétaire sur le coteau de Saint-Symphorien, nommé Consul d’Espagne puis des Pays-Bas, et Émile PILAIN, mécanicien, constituent le 4 novembre 1905 une société en nom collectif dénommée ROLLAND-PILAIN dont le siège est fixé au 95 rue Victor Hugo à Tours.


D’abord connue pour fabriquer et entretenir tous genres de cycles, la société se transforme en fabricant d’automobiles en 1907. La gamme de voitures comprend 2 branches : compétition et tourisme jusqu’à la disparition de la marque.
En 1911, la société s’installe 44 place Rabelais à Tours et se transforme en société anonyme, statut qu’elle conservera jusqu’à son rachat en 1926.

Au Salon de l’automobile de Paris en 1923, la marque ROLLAND-PILAIN présente le modèle C 23 surnommé « La 2 litres » qui fut fabriquée de 1924 à 1927. Cette voiture est équipée d’un moteur de 1997 cm3 à arbre à cames.
En 1924, elle établit le record des 24 heures à Montlhéry à 104 km/h de moyenne.
Entre 1924 et 1925, la mission Tranin Duverne traverse pour la 1ère fois l’Afrique d’ouest en est avec deux voitures de série 10cv en 5 mois.
Plus de 5000 automobiles sortiront des usines de la rue Victor Hugo et de la place Rabelais entre 1906 et 1927.

Malgré tous ces exploits et succès sportifs, les finances viennent à manquer et La 2 litres C 23 revient trop chère à fabriquer. En 1926, François ROLLAND doit céder le contrôle de l’usine tourangelle à d’autres actionnaires ; en 1927, l’usine part de Tours et s’installe à Courbevoie.
La Société ROLLAND-PILAIN arrête sa production en 1927 malgré des raids à travers l’Afrique et l’Asie, des participations aux Grands Prix, aux 24H du Mans, des records de vitesse et des triomphes dans les concours d’élégance les plus prestigieux.

Généalogies François ROLLAND et Émile PILAIN et leur C 23


Sources :
Émile DELAHAYE (publication de Liliane VOISINE en vente au CGDT et dans la Boutique)
Magazine de la Touraine (n° spécial : L’épopée de l’automobile en Touraine)

Wikipedia
Illustrations Wikimedia commons : Type 1La 2 litres
Site chez-alice.fr

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