
Article rédigé par Evelyne LÉTARD et Guy ROUSSEAU
du Centre Généalogique de Touraine
Le congrès de Tours est le 18ème congrès national de la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO parti socialiste) parti politique socialiste français qui existe sous ce nom depuis 1905. Il se tint dans la salle du Manège jouxtant l’ancienne abbaye Saint-Julien de Tours du 25 au 30 décembre 1920. Au cours de ce congrès fut créée la Section Française de l’Internationale Communiste (SFIC futur Parti Communiste Français PCF). Il a constitué un évènement majeur dans l’histoire de la gauche française et a longtemps marqué sa structuration.

Le congrès est ouvert par Ludovic-Oscar FROSSARD et dans le Bureau se trouvent les Tourangeaux Ferdinand MORIN (député d’Indre-et-Loire), BRIGAUT (Secrétaire fédéral) et GROSSEIN (Secrétaire de la section de Tours). Est également présent un délégué d’Indochine, Nguyen Ai Quoc, le futur HO CHI MINH.
Le premier point discuté lors de ce congrès, le plus important, sera l’adhésion à la IIIe Internationale.
Contexte
L’unité de la SFIO s’est décomposée en raison de l’attitude à adopter face au conflit de la Première Guerre mondiale. A la déclaration de guerre, la quasi totalité des socialistes rejoint l’Union sacrée (nom donné au mouvement de rapprochement politique qui a soudé les Français de toute tendance lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale), quelques-uns participant directement aux gouvernements (Marcel SEMBAT, Jules GUESDE, Albert THOMAS). L’idée répandue est que la guerre sera courte et que la parenthèse patriotique sera vite refermée ; mais la guerre s’installe et les partisans du pacifisme commencent à contester le bien-fondé de l’Union sacrée.
Les années 1919 et 1920 marquent un développement important du mouvement ouvrier. Dès mars 1919, des grèves démarrent dans les mines, le textile, les chemins de fer et dans les banques. La répression de ces grèves tournantes de la CGT a été marquée par le licenciement de 18 000 métallurgistes, ce qui met à mal le syndicalisme révolutionnaire mais aboutit à l’obtention de la journée de 8 heures. Ces évènements provoquent de fortes pressions sur la SFIO, où deux franges s’affrontent : les « zimmerwaldiens » (militants socialistes réunis en septembre 1915 à la conférence dans le village suisse de Zimmerwald) et les réformistes.
Au congrès extraordinaire d’avril 1919, Léon BLUM justifie l’existence de tendances diverses, mais conclut à un appel à l’unité. En février 1920, au congrès de Strasbourg, les adhérents acceptent à 92 % le retrait de la SFIO de la Deuxième Internationale (Internationale ouvrière ou Internationale socialiste, fondée au congrès de Paris en juillet 1889 par les délégations participantes de 20 pays, qui a pris fin avec la Première Guerre mondiale).
Pour le congrès suivant, la ville de Tours est choisie comme terrain neutre près de Paris car les militants les plus hésitants avaient peur d’être submergés par les partisans de l’adhésion à la IIIe Internationale communiste (fondée lors du congrès de Moscou en mars 1919) majoritaires dans la fédération de la Seine.
Déroulement du Congrès
- le premier camp, le plus à gauche de la SFIO, rassemble les partisans de l’adhésion à la IIIe Internationale communiste : il s’agit surtout des plus jeunes dirigeants du parti soutenus par un très grand nombre de membres. Ce camp révolutionnaire, pacifiste et désirant que le parti soit dirigé par des élites socialistes issues du monde ouvrier, obtient les 3/4 des votes.
- le deuxième camp au centre : pacifistes menés par une minorité acceptant l’adhésion mais seulement sous de nombreuses conditions.
- le troisième camp, mené par Léon BLUM – Jules GUESDE et Albert THOMAS, refuse totalement l’adhésion. Ce camp avait soutenu les gouvernements français entre 1914 et 1918 et le vote des crédits de guerre.
Les débats sont houleux.

La motion présentée par le camp de Léon BLUM, intitulée « Motion pour l’unité internationale » est retirée du vote par ses auteurs si bien que la scission en 2 sections devient inévitable : d’une part la « Section Française de l’Internationale Communiste » (SFIC, futur parti communiste) majoritaire à Tours (3 208 voix) formée du premier camp et rassemblant la majorité des militants, et d’autre part la SFIO, minoritaire (1 022 voix) regroupant les deux autres camps rassemblant la majorité des élus.
L’adhésion est décidée par 3 252 mandats comme le publie l’Humanité du 30 décembre 1920.
Les minoritaires quittent le congrès avant son achèvement, laissant la salle à la majorité communiste.
Conséquences
Les communistes conservent la direction de l’Humanité et les socialistes celle du Populaire.
La SFIO socialiste place alors Paul FAURE à sa tête. Cette scission est suivie par celle de la CGT en 1921 avec la formation de la Confédération Générale du Travail Unitaire (CGTU) de tendance révolutionnaire (communistes et libertaires).

Ferdinand MORIN
conseiller municipal et maire de Tours

Homme politique français né à Tours le 10 février 1876, ouvrier engagé très jeune dans le mouvement ouvrier, Ferdinand MORIN (prénommé Louis) adhère au parti socialiste en 1895. Il fonde la section SFIO de Tours et organise le parti en Indre-et-Loire.
Conseiller municipal de Tours en 1912, il y sera maire de 1925 à 1942.
Le 10 juillet 1940 il vote les pleins pouvoirs au maréchal PÉTAIN et se rallie au régime. Il est nommé membre du Conseil National de Vichy mais, en 1942, il quitte ses fonctions et démissionne de son mandat municipal pour marquer son opposition à l’évolution du régime de Vichy.
En 1953 il est réélu conseiller municipal de Tours en tant que candidat du Parti socialiste démocratique de Paul FAURE.
Il décède à Tours le 8 février 1957.
Généalogie de Louis Ferdinand MORIN
Sources :
– Wikipedia
– Extrait de LA TOURAINE de Claude POULAIN – Ed. Arthaud 1980
– Gallica journal socialiste l’Humanité
Intéressant de retracer l’histoire de ce congrès ; et aussi sa localisation à Tours qui était méconnue. Morin, un maire de Tours, qui n’était pas originaire de Touraine, il y en aura d’autres….. Affaire à suivre.
Très instructif !