
Article extrait de la publication de l’Atelier du Centre Généalogique de Touraine « LES MARINIERS DE TOURAINE » parue en janvier 1992.
Le terme « port » a une double signification et il convient de distinguer l’endroit où s’effectuent les opérations de chargement et de déchargement des bateaux de celui qui indique le point de franchissement d’un cours d’eau par gué ou bac. La confusion pouvant être faite facilement sur les rivières navigables, il importe de se méfier des nombreux toponymes où apparaît le mot « port » qui figurent sur les cartes anciennes ou peuvent être relevés dans nombre d’ouvrages, ceux désignant un lieu de passage étant plus nombreux que ceux liés aux activités commerciales.
1641 – Carte des rivières de la France curieusement recherchée
par Nicolas Sanson (cartographe 1600-1667) – Source BnF Gallica
L’origine des ports de Loire et rivières affluentes est ancienne, certains existant bien avant l’occupation romaine, mais ils ne prendront réellement de l’importance qu’un peu avant le milieu du XVème siècle avec la sécurité retrouvée dans les campagnes et la reprise exceptionnelle qui s’ensuivit.
Les premiers ports étaient de simples estacades, constituées de pieux en bois fichés dans le sol qui maintenaient un remblai de terre et fascines parfois revêtu d’une aire empierrée, voire plus rudimentaires avec un plancher posé sur des pieux. Le trafic s’intensifiant, ces installations firent place, dans beaucoup de localités, à des quais maçonnés avec rampes d’accès pavées, simples ou doubles.
Les ports de ville, les plus importants, pouvaient être dotés de quais avec grues permettant le chargement et le déchargement des marchandises, tandis que les ports en rase campagne n’étaient que des lieux d’abordage des bateaux ou d’opérations d’importance limitée. Sous l’Ancien Régime, certains ports étaient également le siège d’un péage. Parfois, en l’absence d’appontement ou en période de basses eaux, les opérations s’effectuaient directement sur la grève.
Les ports recensés en Touraine, sur la Loire et ses affluents, sont nombreux.

Les ports sur la Loire
- Limeray
- Amboise
- Montlouis
- Vouvray : à mi-chemin de Rochecorbon (cité au XIXème siècle) à la Frillière (cité au XVIème siècle)
- Rochecorbon
- Sainte-Radegonde : à Marmoutier
- Saint-Pierre-des-Corps : Saint-Marc et, au XIXème siècle, la Gare du Canal
- Tours : la Madeleine, Port-Hugon, le Château, l’Échallerie, Port-Neuf, Port-Raguenau, Grève de Maufumier, l’Écouerie, Port-Bretagne, Tours carrées, Ruau Sainte-Anne
et sur les boires de la Varenne : Saint-Étienne, Port-Guyon et Saint-Lazare en période de hautes eaux - Saint-Symphorien
- Saint-Cyr-sur-Loire : Portillon et face au ruau Sainte-Anne
- Fondettes : port de Vallières
- Luynes : face au bourg
- Saint-Étienne-de-Chigny
- Cinq-Mars-la-Pile : port du bouge aux Carmes cité en 1648
- Chouzé
- Candes-Saint-Martin : gare de triage pour la navigation sur la Loire et sur la Vienne

Les ports sur le Cher
- Francueil : port Olivier
- Bléré
- Saint-Martin-le-Beau : port de Chandon
- Azay-sur-Cher
- Véretz (cité en 1484)
- Tours : Saint-Sauveur
- La Riche : Port Cordon (cité en 1764)
- Savonnières
- Villandry (ouest de la commune)
Les ports sur l’Indre
- Cheillé
- Avoine : le Néman
Les ports sur la Vienne
- Ports : dès l’époque romaine, deux appontements
- Nouâtre
- Crouzilles (à Mougon)
- L’Île-Bouchard (cité en 1664)
- Rivière
- Chinon : la Parerie, Port-Chardon, la Halle, la Poterne, le Vieux-Marché, Saint-Jacques
- Saint-Germain-sur-Vienne
- Candes-Saint-Martin
Réseau hydraulique en Indre-et-Loire vers 1970
Source : Archives départementales d’Indre-et-Loire réf 1551W39
L’activité portuaire
Certains de ces ports avaient une activité particulière tels :
- Vouvray et Rochecorbon : chargement de vin
- Tours à Port-Guyon et Saint-Lazare : déchargement de pierres de taille
- Cinq-Mars-la-Pile : chargement de pierres meulières pour Nantes et Orléans
- La Chapelle-aux-Naux et Bréhémont : chargement de chanvre
- Cheillé : chargement de pierres pour la construction de la cathédrale de Tours au XIIIème siècle et l’édification des murailles au XVIème
- Avoine : chargement de peupliers et de cherrée
- Rivière : débarquement de merrain pour la tonnellerie
- Chinon au port de la Halle : déchargement d’huîtres et poissons de mer ; à Saint-Jacques : transit des marchandises à destination du Poitou.
Circulation des marchandises au XVIIIème siècle*
J’suis tombé d’la gabare en passant le pont d’Gien
J’ai mouillé dans la Loire mon excédent de vin …
… Ohé matelot, y’a pas que de l’eau qui coule sous les ponts
Ohé matelot, y’a ton fûtreau arrimé au ponton …
… Marinier au revoir, transporte dans tes yeux
La couleur de la Loire, la lumière de tes yeux.
Vas, ta gabare pleine, de nouvelles vendanges
du Gienois en Touraine, surveillé par les anges
… Marinier de la Loire navigue doucement,
Dans les brumes du soir, dans ses cheveux d’argent
Le ventre de ta gabare collé dans le courant
Une main sur la piautre et l’autre dans le vent…
(chant de Jean MAUZAC « Marinier de la Loire », version arrangée par J-P. Boutard)
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Les installations portuaires qui existaient ont quasiment toutes disparu à ce jour, conséquence du déclin de la navigation au XIXème siècle, et il ne subsiste plus guère maintenant que des rampes pavées et parfois de gros anneaux de fer scellés aux murs de la rive auxquels s’amarraient les bateaux.

*Source : La marine de Loire au XVIIIe siècle de F. de Person (Loire et Terroirs Ed. 2006)
MERCI A VOUS TOUS POUR TOUTES CES INFOS ET DOCUMENTATIONS
Parmi les ports cités, celui d’Azay sur Cher servait au chargement du vin à destination de Paris ; plusieurs témoignages l’attestent au 18 et 19ième siècle. Au 19ième siècle, avant la crise du phylloxéra, 25% de la surface de la commune était plantée de vignes, et 55% de la population recensée se déclarait vigneron.
Parmi les ports en limite de la Touraine on peut citer celui de Bourré où était chargées les pierres destinées à la construction d’édifice de caractère en Touraine, à preuve les liens entre des mariniers d’Azay sur Cher et des familles de carrier de Bourré.