Les grands travaux de Tours au XVIIIème siècle

Article de Jacqueline JOUANNET (CGDT-126) paru dans le Touraine Généalogie n° 110 du 2ème trimestre 2017.

Au XVIIIème siècle vont voir le jour d’importants changements apportés dans la topographie de Tours et qui dureront deux siècles

De 1701 à 1706, les levées de la Loire sont exhaussées de près de deux mètres.

Les deux premières portions du Pont Long (dit de Saint-Avertin, qui commence près de la porte Bourbon ou Saint-Étienne pour se terminer au Cher) sont démolies, le pont Anjou en 1715 et le pont Saint-Lazare en 1735, ainsi que le pont de Beaumont (portion du Pont Long de Saint-Sauveur). Un terrain vague, séparé des grèves de la Loire par une des levées récemment construites, reçoit après sa plantation le nom de boulevard Preuilly, du nom du maire François Nicolas PREUILLY (1757).

L’île Saint-Jacques, située sur l’emplacement que devait traverser le Pont Neuf, est détruite à ce moment-là par plusieurs régiments : cette île, d’une longueur de 300 toises, comprenait 8 à 900 feux et une centaine de maisons habitées depuis des siècles par les bateliers et des blanchisseuses attachés à leur demeure. Il fallut la force armée pour les déloger.

La construction de la levée neuve de Sainte-Anne, en 1774, amène la suppression du ruau Sainte-Anne. La communication du Cher et de la Loire interrompue, l’ancien canal devient un foyer pestilentiel que la ville doit assainir suite à une réunion des hôpitaux en 1806.

La municipalité agrandit et régularise la place du Chardonnet, ce qui amène des protestations du sieur TASCHEREAU en 1728 : il prétend en avoir acquis la portion de la Tour Grippon à la Tour de La Guerche et voulait l’entourer de murs. Les chanoines de Saint-Venant s’en mêlent, cela dure jusqu’en avril 1740 quand TASCHEREAU cède.

En 1734, la rue des Fossés Saint-Martin est redressée et prolongée jusqu’à l’Écorcherie (Écorchoir) ; trois ans plus tard, on ouvre la porte dite du Gazomètre pour aller à la Bourde.
En 1734 également on détruit une partie des bâtiments de l’hôpital de la Madeleine, afin d’achever la levée de Saint-Pierre-des-Corps sur laquelle on plante des platanes.
A cette époque, la municipalité fait élargir une partie des rues débouchant sur la place du Grand Marché. On supprime en 1754 l’ancienne entrée principale de la ville du côté du midi (porte Bourbon) après l’achèvement de la fermeture des remparts, l’ouverture de l’avenue de Grandmont et la fin des travaux du Pont Neuf construit sur le Cher exigeant impérativement ces changements.

Plan général de Tours pendant la Révolution, établi en 1989 d’après les renseignements d’archives- Archives Municipales de Tours

En 1762 la ville ferme l’entrée par la porte dite Porte de Fer. En 1757, une percée, destinée à continuer en ligne droite la rue Royale et l’avenue de Grandmont et à donner une entrée à la ville du côté du nouveau pont projeté sur la Loire, est pratiquée dans le coteau de Saint-Symphorien ; cette rampe est désignée depuis sous le nom de la Tranchée.

On perce en ligne droite la rue des Fossés Saint-Éloi et sa prolongation, la rue du Patrouilleau, jusqu’au boulevard Preuilly : à cet effet, on démolit une ancienne porte de la ville dite du Retranchement.
Neuf autres portes monumentales auront été démolies : porte de la Madeleine (1726), de Bourbon (1752), de Maufumier et de l’Écouerie (1771), du Vieux Pont, de Saint-Louis, de la Foire-le-Roi, des Tanneurs et du Château (1783).

En 1765 naît le projet d’un axe nord-sud qui coupe la ville en deux : la percée de la rue et la construction des bâtiments demandent 30 ans. C’est une voie de prestige, mais a un but utilitaire en favorisant le passage de la grande route de Paris vers l’Espagne, et aussi le commerce local.
Cette même année on démolit la rue Traversante, très étroite avec des maisons très élevées (d’un bout à l’autre on apercevait peu le jour) ; la rue du Bac, qui faisait suite à la précédente en longeant les murs de l’abbaye Saint-Julien, et la rue Saint-Louis disparaissent également pour la création de la rue Neuve (rue Royale).
Le gouvernement voulant alléger les charges des propriétaires, obligés de construire d’après les plans imposés, se charge d’établir à ses frais le rez-de-chaussée de chaque maison en pierre dure.

En 1783, les trésoriers du roi ont déjà dépensé pour cela la somme de 2.914.292 livres 10 sols et 9 deniers. Divisée en 3 sections, la rue porte primitivement les noms du gouverneur de la province, M. de CHOISEUL, de l’intendant M. du CLUZEL, et du maire M. BANCHEREAU.

Sources :
Histoire de la Ville de Tours (GIRAUDET) – Edition Culture et Civilisation Bruxelles
Collection privée cartes postales Pierre BAS

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