
Article de Christian PELLETIER,
adhérent du Centre Généalogique de Touraine
Au Second Empire, il y avait à Marçay, petit village de la Vienne au sud de Poitiers, un menuisier nommé Gabriel LUSSAULT qui se préoccupait fort d’horlogerie...

En 1865 il conçoit un prototype d’horloge en bois.
Satisfait du résultat, il poursuit son idée en reproduisant son ouvrage en construction mécanique.
Sa première horloge étant née, il fonda l’Entreprise LUSSAULT, constructeur d’horloges d’édifices.

Rapidement, il fait évoluer la structure de ses fabrications en réalisant des bâtis en fonte et des supports d’éléments mobiles en laiton coulé.
Ces horloges, bien que d’aspect industriel au premier abord si on les compare à des horloges de plus petit volume, sont pourtant extrêmement soignées. Les horlogers fabricants de l’époque devaient être de fins ajusteurs car, si on utilise déjà des machines, beaucoup de pièces bénéficient de finitions à la main pour assurer une fonctionnalité parfaite et d’un polissage pour donner toute la valeur esthétique à l’ensemble.

La Maison LUSSAULT obtient rapidement une belle réputation. Si elle installe des horloges publiques dans de nombreuses communes, elle est aussi sollicitée pour équiper des centres religieux (Lourdes, Sainte Anne d’Auray, Rocamadour…) et également des communautés religieuses ayant des délégations missionnaires dans différents pays du monde. Aujourd’hui encore il n’est pas rare de découvrir des cadrans d’horloges estampillés LUSSAULT en Amérique du sud, Asie et autres régions du monde.
Les horloges LUSSAULT avaient la réputation de pouvoir tourner durant 80 ans avant qu’il devienne nécessaire de leur offrir une révision complète, laquelle leur permettait de repartir pour plusieurs dizaines d’années encore.
Chaque horloge faisait l’objet d’une inscription dans les registres de la Maison, indiquant toutes ses caractéristiques, mais aussi les particularités d’installation liées à son environnement.
Gabriel LUSSAULT disparait en 1905, mais la continuité de l’entreprise est assurée par son fils Henri.
En 1929, c’est Joseph LUSSAULT qui dirige la Maison.
Il acquiert la société PELLERIN de Tiffauges (Vendée) qui avait elle-même rachetée en 1870 la société GIRARD de Nantes (Loire Inférieure) fondée en 1840.

Les ateliers PELLERIN étant plus adaptés au fonctionnement et à l’évolution de son entreprise, Joseph LUSSAULT transfère ses activités de Marçay à Tiffauges. Jean son frère poursuivra une activité de sous-traitance à Marçay jusqu’en 1948.

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En 1932, nouvelle acquisition : cette fois-ci, c’est la société GOURDIN de Mayet (Sarthe), fondée en 1820, qui entre au patrimoine de Joseph LUSSAULT.
Ce début des années trente est aussi l’époque de la modernisation et Joseph LUSSAULT crée sa première horloge à remontage électrique automatique, parmi les toutes premières de France.
Gros avantage, cette évolution permet de s’affranchir du remontage généralement hebdomadaire des poids et des complications d’installation de renvoi de poulies nécessaire à leur descente.
Pour diversifier son offre, Joseph LUSSAULT continuera de fabriquer certains modèles de ses concurrents rachetés.

Louis Michel LUSSAULT sera le dernier de cette belle dynastie d’entrepreneurs horlogers. L’heure n’est plus mécanique, mais électronique et à quartz.
Louis Michel LUSSAULT saura faire prendre ce grand virage de la modernité à son entreprise.
Parallèlement il y a encore du travail pour les horlogers mécaniciens car, le temps passant, tant d’horloges en service nécessitent désormais des soins d’entretien. Cette activité n’est pas réservée exclusivement aux horloges sorties des ateliers LUSSAULT, mais aussi à toutes les autres requérant l’expertise de la Maison. C’est ainsi que Louis Michel LUSSAULT a eu le privilège de restaurer en 1999, l’horloge du château de Versailles datée de 1769, celle dont le cadran de 1,40 mètre de diamètre orne le fronton au centre de la cour de marbre.
En 1980, l’entreprise est transférée dans la zone artisanale de Tiffauges. Des locaux plus modernes permettent de diversifier l’activité en créant un département outillage pour le bois et la mécanique de précision.
En l’an 2000 la société est vendue et l’activité horlogère cesse définitivement.
La famille LUSSAULT
(cliquer sur l’horloge pour agrandir)
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Les horloges monumentales en Touraine

Aujourd’hui, la fabrique d’horloges appartient au passé et Louis Michel LUSSAULT cultive la mémoire et la nostalgie de cette belle entreprise qui a su se faire une renommée et qui a apporté à nos ancêtres, « l’heure publique », un vrai progrès pour les villes et les villages qui en étaient dotés.
Il s’est fait Conservateur du Musée de l’Atelier à Remonter le Temps, Louis Michel LUSSAULT, là où palpitent encore au rythme du temps qui passe, ces extraordinaires horloges, témoignant des savoirs faire d’exception d’une époque où les cerveaux n’étaient pas assistés par ordinateur et où la main prolongée par l’outil étaient les meilleurs garants du travail bien fait.
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Sources :
– Document écrit par Christian Pelletier à partir du DVD « Les horloges Lussault » (2017) en vente à la boutique du musée
– Le Musée de l’Atelier à Remonter le Temps peut être visité sur rendez-vous site du Musée
– Base37 : base de données généalogiques du Centre Généalogique de Touraine
– BnF Gallica


Article très intéressant, d’autant plus qu’il est réalisé par un horloger passionné qui a su réparé ma vieille pendule mécanique de salon.
Merci pour ce bel article, j’apprécie l’arbre généalogique inséré dans une horloge,très original et facile à lire.
Bravo bel article !