
Article rédigé par l’Atelier du Centre Généalogique de Touraine
–A-

Abas (pays d’) : pays en aval.
Allège : bateau sans mât, destiné au transport des marchandises (il permet de soulager les chalands lorsque les eaux sont trop basses).
Allégir : répartir la charge sur plusieurs bateaux pour obtenir un enfoncement moindre.
Arraisonner : interpeller les gens qui naviguent sur un bateau pour vérifications.
Arronçoirs : pièces de bois en dents de scie, fixées à l’avant et à l’arrière du bateau pour retenir les perches maniées par les conducteurs.
Assemilié : garni de son assemiliage, donc en état de naviguer, de faire le voyage. Il possède tout le matériel utile : gouvernail, rames, bâtons, et éventuellement agrès, cordage, voile, poulies, etc.
Avalant : désigne le marinier qui descend la rivière, qui va vers l’aval (qui « avale »).
Avarié : qui a subi une avarie.
–B-
Bachot : bateau de service, léger et non mâté, destiné à être remorqué ou servant au balisage.
Baisse : désigne le trajet à la descente de la rivière (baisser ou avaler = conduire les barques vers l’aval).
Bascule : bateau-vivier transportant le poisson d’eau douce vivant jusqu’à destination.
Basouille : bateau-vivier contenant des réservoirs (huchets) pour le transport du poisson vivant.
Bâton de manoeuvre (ou commande ou quartier) : longue et forte perche de 3 à 6 mètres servant à diriger les embarcations à la descente en faisant levier. Le « bâtonnier » est celui qui fabrique ces bâtons, ainsi que mâts, avirons, écopes et montants de gouvernail ; le bournayage est le maniement de ce bâton.
Bec : confluence de deux rivières.
Battue : protège la rive contre les dégradations des eaux.
Berrichon : bateau spécialement construit pour franchir les écluses étroites du canal de Berry.
Biller sur cul : passer sous un pont à la baisse.
Billeurs : mariniers sans emploi, recrutés provisoirement pour aider à une manoeuvre.
Billon : long et solide cordage.
Boëte ou boite : boisson pour l’équipage (vin de qualité inférieure coupé d’eau).
Bord : planche de revêtement extérieur indiquant l’importance du bateau (bateau à cinq bords = bateau dont les flancs sont probablement constitués de cinq largeurs de planches).
Boutavant : premier bateau d’un couplage.
Bourde : perche servant à la manoeuvre des barques en les poussant en prenant appui sur le fond.
Branler : stopper son bateau pour permettre la vérification du chargement lors du passage au bureau de péage.
-C-
Cabane : construction élevée sur le pont d’un bateau pour servir d’abri ou de logement (par extension le bateau de voyageurs lui-même).
Caler 1 mètre : enfoncement d’1 m du bateau chargé.
Chaland : bateau robuste sur la Loire, en chêne, pouvant porter une voile carrée. Souvent de fortes dimensions.
Chalandon : terme familier désignant ceux qui étaient sur les chalands.
Chantier : bord élevé de la rive utilisé pour effectuer les manoeuvres des mariniers et décharger les marchandises.
Charrière : bac de grandes dimensions pour passer les charrettes, et qui assurait la relation entre le rivage et les îles pour les hommes et les animaux (large barque plate).
Chevalage : procédé de dragage consistant à dégager et entretenir un chenal de profondeur suffisante pour le passage des bateaux, en leur assurant un tirant d’eau suffisant. Chevalis = passe désensablée.
Commande : corde longue et solide servant généralement à amarrer les bateaux.
Couplage ou coublage : assemblage de deux bateaux, généralement des sapines, liés bord à bord par des cordages et manoeuvrés ensemble par les bateliers (l’un dépassant l’autre de un ou deux mètres).
Croupière (ou cropière) : cordage reliant étroitement les deux bateaux d’un couplage, serré à l’aide d’une pièce de bois.
Cul-de-poule : bateau de profil particulier pouvant descendre jusqu’à la mer.
-D-
Déchireur : marchand qui achète le bateau pour le déchirer et en revendre les éléments ou en faire du bois de charpente ou à brûler.
Divertissement des sels : subtilisation de sel pour le revendre en fraude.
Duit : construction de pieux et moelons dans le lit d’une rivière pour en diriger les eaux.
-E-
Écope (ou pelle à bateau) : pelle étroite et creuse pour vider l’eau des embarcations.
Effondrer (ou afondrer) : couler un bateau (également mettre à fond).
Emplacement : réception, mesure et dépôt des sels lors de leur arrivée au grenier à sel ; une décharge est ensuite remise au voiturier par eau.
Endremage : manoeuvre de passage sous un pont à la monte consistant à se mettre dans le droit fil du courant.
s’Engraver : s’échouer sur un banc de sable.
Eschargeau ou escheau, essayau : radeau pour le transport des bois.
Étai : cordage qui maintient le mât.
Étiage : niveau d’une rivière au moment des plus basses eaux.
-F-
Facteur : homme à qui le marchand voiturier confie la responsabilité de ses bateaux.
Faux-saunage ou faux-saunier : contrebande, contrebandier du sel.
Flûte : bateau spécialement affecté au transport du vin.
Fosse : gare, lieu sûr (se mettre en fosse : mouiller, s’arrêter).
Flûtereau : petit bateau utilisé surtout par les pêcheurs.
-G-
Gabare : bateau long et plat de la marine de la Loire, à voiles ou à rames, destiné à la navigation fluviale et pouvant être utilisé à l’extraction du sable.
Gabelle : impôt sur le sel, avec obligation d’achat (les gabelous sont employés à la gabelle).
Galarne : désigne la rive droite du fleuve (vent de nord-ouest).
Galiote : bateau couvert pour naviguer sur les rivières et appartenant à des particuliers.
Gariot : couverture placée dans la « cabane » pour protéger le sommeil des mariniers.
Gibecière : second bateau d’un couplage.
Gobeux : mariniers sans emploi, recrutés provisoirement pour aider à une manoeuvre.
Guinda ou guindeau : cabestan horizontal, sans frein ni cliquet de blocage, situé à l’arrière du bateau et servant à enrouler l’étai du mât.
-H-
Harnais : agrès des bateaux (haubans servant par leur écart à maintenir le mât vertical, cableaux, étai).
Hausserée (ou auxerée) : chemin de halage qui bordait la Loire (de Roanne à Nantes) pour le tirage des bateaux par les haleurs.
Huchet : compartiment percé pour laisser circuler l’eau et conserver le poisson vivant.
-J-
Jard ou jarre : sable mêlé de gravier, au fond des rivières ou le lit de la Loire, où l’eau coule rapidement.
-L-
Lettre de voiture : document écrit réglant les accords entre les propriétaires des marchandises et remis au marinier qui les transporte, afin que son salaire puisse lui être payé par le destinataire.
Lican : cordage retenant le « bâton de marine » au bateau.
Lier : amarrer (le liage étant le point d’amarrage des bateaux d’un voiturier par eau).
-M-
Mar ou mer : désigne la rive gauche du fleuve et des rivières.
Marché de voiture : contrat de transport établi devant notaire en stipulant les conditions.
Margottat : bateau spécialement affecté au transport des matériaux de construction.
Mère : bateau mâté en tête d’un train de bateaux.
Montant : désigne le marinier qui remonte la rivière.
Monte : désigne le trajet de remontée de la rivière.
Mouille : bas-fond de la rivière, partie du fleuve où il y a de la profondeur (mouiller = jeter l’ancre).
-N-
Nantaise : bateau de profil particulier pouvant descendre jusqu’à la mer.
Nautonier : personne qui conduit un bateau, une barque.
-P-
Pallatrer : cheviller de petites pièces de bois ou des planchettes (les palâtres) à l’intérieur du bateau pour masquer fentes et trous.
Passage : trajet régulier d’un bac entre deux rives (port et passage = lieu où est établi un bac régulier)
Passe : seuil entre deux bas-fonds.
Passe-cheval : embarcation destinée à la traversée des cours d’eau en l’absence de pont.
Patache : coche d’eau ou barque de surveillance des douaniers et commis de la gabelle.
Perché : madrier permettant dans un train de passer d’un bateau à l’autre.
Piautre : lourd gouvernail sur les bateaux de la Loire servant également à équilibrer le bateau ( « Virer la piautre » = changer de direction en tournant le gouvernail).
Ponant : à l’ouest, du côté de l’océan.
-R-
Rabiller ou racommoder : réparer un bateau (radouber : réparer la coque).
Rables : traverses de bois dans le fond du bateau sur lesquelles sont chevillées les planches du fond.
Renforceurs : mariniers sans emploi recrutés provisoirement pour aider à une manoeuvre.
Roannaise : bateau construit à Roanne, utilisé pour les produits autres que le charbon.
-S-
Sallage ou sallaige : taxe payée sur le sel ou sur son transport (la salorge étant le magasin dépôt de sel).
Sapine : grand bateau éphémère de construction très légère (sapin), effectuant une seule fois la descente du fleuve, destiné à être « déchiré » et à être vendu comme bois de chauffage au port de destination.
Saumuroise : bateau de profil particulier pouvant descendre jusqu’à la mer.
Séjour : arrêt imposé par les basses eaux, crues et glaces.
Sentine : bateau sans mât destiné au transport des marchandises, de dimensions variables.
Soubre : bateau sans mat, annexe placée en remorque en fin de convoi.
Soutrage ou soutrait : plancher amovible dans le bateau.
-T-
Tenir planche : obligation pour le marinier qui transporte des céréales de s’arrêter pendant 24 heures dans chaque port placé sur son trajet, pour permettre l’approvisionnement local.
Tillac : pont d’un bateau.
Tireau ou tirot : bateau placé en second dans un train de bateaux, derrière le bateau de tête (la mère), dont on a généralement enlevé le gouvernail.
Toue : bateau de service, léger et non mâté, destiné à être remorqué ou servant au balisage (barque de dimensions variables plus modestes que les chalands). La petite toue permet de descendre à terre. La toue cabanée (ou cabane) est un bateau de voyageurs muni d’un abri.
Toutier : marinier expérimenté embarqué sur la toue chargé de reconnaître et de baliser le passage du train de bateaux.
Train de bateaux : groupe d’embarcations navigant ensemble à la remontée.
Traille : corde qui retient et guide un bac pendant la traversée.
Trappes à poisson : pêcheries au fond de la rivière.
Turcie : digue élevée au bord des rivières pour contenir les eaux, consistant en un assemblage de matériaux entremêlés consolidés par des pieux (synonyme de « levée » aux XVIIème et XVIIIème siècles).
Tutureau : bateau spécialement affecté au transport du sable.
-V-
Verdiaux : osiers des bords de Loire.
Verdon : corde légère utilisée pour le halage à col ; également petite corde servant à attacher la voile sur la vergue (bois transversal où est fixé le haut de la voile).
Voiture : chargement d’un bateau, mais aussi voyage par eau ou par terre pour livrer ce chargement (d’où voiturier par eau et marché de voiture).

Sources :
– Publication de l’Atelier du CGDT en 1992 : « Les mariniers de Touraine »
– « La Marine de Loire » de Paul Chaussard
– « Bateliers sur la Loire » de Françoise de Person
Quelle mine de connaissance ! Bravo et merci pour la transmission.