
Article de Daniel FOULLON, administrateur du Centre Généalogique de Touraine
Un souterrain-refuge est une cavité creusée dans le sous-sol pour se protéger des désordres et de l’insécurité engendrés notamment par les guerres médiévales.
Ils sont liés à des habitats ruraux, dans les régions où les roches peuvent être facilement creusées. Ils sont nombreux en Touraine, en Dordogne, dans le Poitou et en région toulousaine.
Il s’agissait de refuges temporaires dans lesquels on peut trouver des silos, des points d’eau et plusieurs salles de faible dimension reliées entre elles par des couloirs bas et étroits.
Des dispositifs défensifs (passifs tels que portes, barricades…) ou actifs (tels que trous de visée puis pièges) permettaient d’empêcher ou de retarder la progression des assaillants.
En Indre-et-Loire
Avec 74 souterrains aménagés, l’Indre-et-Loire fait partie des départements les plus riches en souterrains-refuges. Les 2/3 sont à défense active. La très grande majorité se localise au sud de la Loire, entre les vallées de l’Indre et de la Vienne.
Le réseau des Goupillères constitue la dernière découverte
(cliquer sur la carte pour visualiser en grand format)
Les Goupillères (commune de Lignières)
Le réseau s’ouvre au milieu d’un groupe de 5 fermes troglodytiques. La présence de 5 puits et d’un silo montre qu’il existait un hameau ayant accueilli plusieurs familles.

portes en bois
On pénètre dans le souterrain par un couloir visiblement surcreusé qui conduit dans la première salle du réseau (A) taillée au pic pointu. Elle ne présente aucun aménagement à part deux ébauches de trous d’aération dans son plafond.
Au sud, un couloir étroit mène vers la grande salle (B) et un trou de visée (t1) perce la paroi de droite. Les traces de 2 feuillures (F2 et F3) montrent que des portes de bois permettaient autrefois de barrer le boyau avant d’accéder à la salle (B).
A l’ouest de la salle, un diverticule donne accès à l’autre extrémité du trou de visée (t1).
Ce système de défense est typique des souterrains-refuges à défense active : le double barrage de portes et le trou de visée dans un couloir étroit, sinueux et bas exposaient les agresseurs aux tirs des défenseurs. L’exiguïté des passages, le peu de hauteur des plafonds et l’étroitesse des couloirs empêchaient l’assaillant de se présenter de front et d’utiliser un bélier pour forcer les portes.
Dans la branche nord du réseau, un couloir mène à une petite salle (C) aujourd’hui totalement remblayée. Une feuillure (F4) montre qu’une porte fermant de l’intérieur se trouvait à cet endroit. Le couloir principal débouche sur une nouvelle grande salle (D) ; on remarque là encore la présence d’une feuillure. Cette salle est haute et possède plusieurs aménagements : anneaux, niches, trous d’aération (ta) et trou à lumière (tal).
L’architecture et les aménagements du réseau montrent qu’il s’agit d’un souterrain aménagé, caractéristique dans notre région des XVème et XVIème siècles.
Il constituait à cette époque une fortification destinée à assurer la protection des habitants et de leurs moyens de subsistance.
Après les temps troublés, les souterrains furent abandonnés, comblés ou surcreusés pour stocker du grain ou de matériel agricole. L’état actuel des souterrains prouve que des comblements, volontaires ou accidentels, ont été effectués dans les siècles passés.

André CHARDON est devenu propriétaire du site en 1962 et c’est à l’occasion d’un effondrement au cours de l’hiver 1994-1995 que ce souterrain a été découvert. Son fils Louis Marie a remis la vallée troglodytique en état en y ramenant des animaux et en reconstituant les intérieurs.
Généalogie du propriétaire actuel, Louis Marie CHARDON
Sources :
- Wikipedia
- Souterrains de Touraine, Blésois et Vendômois de Jérôme et Laurent Triolet, Ed. Alan Sutton
Article très intéressant- j’ai visité à l’automne dernier le souterrain refuge du château de Betz le chateau…passionnant !!!!
bel article. Il y en a un magnifique à Vernou sur Brenne.
C’est bien de leur accorder un intérêt. Bonne fêtes de fin d’année à tous? Hélène V.
A Chambray, il existe deux souterrains partant du château de la Branchoire. Leur entrées se situent du côté de la façade du château, de chaque côté de l’allée principale. Elles sont protégées par des barrières.
Ces souterrains mènent au centre bourg. Il y a une entrée à côté de la mairie (je ne sais pas si elle existe encore après les travaux d’agrandissement). Il y a aussi une entrée dans le quartier des Grands-Maisons, dans le jardin de Mme Moreau.
Il est probable qu’ils soient écroulés…
A quoi servaient-ils ? A fuir ?
De quand datent-ils ?
Article très intéressant. C est bien de mettre en lumière ces souterrains méconnus de la plupart et de mettre en avant l histoire parfois troublée de notre région. Bonne fêtes.