Article rédigé par M. Olivier RANJARD,
adhérent du Centre Généalogique de Touraine
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Manoir du XVIIème siècle à Saint-Michel-sur-Loire
Situé sur une terrasse entaillée au flanc du coteau, le long de la petite route du Lane, le manoir de Banchereau (ou de la Cave-Banchereau) se détache nettement avec sa longue façade blanche sur le fond de verdure qui l’entoure. L’aspect curieux de l’édifice est produit par les deux pavillons qui l’accostent et dont le pignon demi-circulaire, percé d’un double oculus ovale et reposant sur des chaînages d’angle à refends, est assez insolite en Touraine. Le comble est éclairé par deux lucarnes à fronton triangulaire, encadrant une lucarne à fronton courbe. Toutes les ouvertures basses sont à linteau cintré sauf la porte qui est plein cintre. Sur cette porte et celle de derrière, on remarquera leur imposte vitrée, dont celle à l’arrière qui apparaît très ancienne, et qui est répertoriée à la médiathèque de l’architecture et du patrimoine (CRMH, fonds photographique, notice MH00276524).

De la terrasse où l’on trouva au cours des travaux de restauration plusieurs monnaies du XVIIème, un escalier en pierre descend à un premier jardin planté de petits conifères, puis à une troisième terrasse, clos de murs en contrebas avec une belle porte en anse de panier.
Dans une partie du vieux mur de la 3ème terrasse on retrouve insérés, à espaces réguliers, des os d’animaux (mouton) qui devaient servir de tuteur pour la treille : pratique ancienne que l’on retrouve notamment dans les parements intérieurs des murs qui enclosent des demeures respectables.
Des caves creusées dans le rocher derrière la maison étaient prolongées par un souterrain dont on a muré l’entrée. D’autres petites caves sont en bas sur le côté, dont l’une a eu son portail refait en 1890 : il est surmonté d’une niche grillagée qui abritait une statue de Saint-Vincent, mise en lieu sûr, sur un socle où figure un sécateur ; de part et d’autre, deux énormes médailles du comice agricole de 1889 rappellent que les vins des propriétaires de l’époque (M. et Mme LEMESLE-ASSIER) furent primés. Il y avait un très bon pineau blanc de Loire, et du grolleau léger et fruité souvent vinifié en rosé demi-sec.
Sans aucun doute la Cave-Banchereau a des origines liées aux vignes qui l’entouraient et le terme de « closerie » est repris sur les actes anciens. Il faut rappeler que tout le coteau de Saint-Michel-sur-Loire fut pendant longtemps couvert de vignobles. D’ailleurs les constructions qui se sont faites sur la route du coteau, côté Loire, sont, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, sur une zone toujours classée « AOC Touraine » par l’INAO (Institut National des Appellations d’Origine).
Dans différents actes notariés où la description des biens du domaine est reprise, il est fait mention « d’une avenue de ladite closerie de la Cave Banchereau plantée en peupliers et autres arbres, laquelle conduit jusqu’à la levée de la rivière de Loire, faisant partie du domaine, entouré de champs inclus ». Autrefois les propriétés seigneuriales au bord de la Loire avaient toutes des accès directs au fleuve. Ce chemin privé ayant été par la suite annexé aux voiries communales, pour devenir la voie communale n° 18 de la Cave Banchereau à la Loire.
Les origines exactes de ce vieux logis sont pour le moment inconnues. Il est certain que le nom de « Banchereau » provient d’un nom de famille : pour témoin un acte de partage daté du 27 avril 1622, passé devant Monseigneur le Sénéchal et Juge de Saint-Michel, pour la succession du sieur Catherin Gilles, qui reprend plusieurs parcelles labourables, notamment situées aux Hamelins (hameau au-dessus de la Cave-Banchereau), qui sont citées comme joignant au sieur Nicolas BANCHEREAU dont le nom est cité 12 fois.
Tous les anciens actes notariés nomment le site « La Cave-Banchereau », alors qu’une erreur d’orthographe s’est portée lors de l’établissement de la fameuse carte de Cassini entreprise entre 1750 et 1790 par CASSINI de THURY publiée sous les auspices de l’Académie Royale des Sciences (feuille n° 65 du tome 2 au 1/86400) qui cite « La Cave Bachereau ».
Cette même erreur s’est répétée sur le Cadastre napoléonien établi vers 1829 :
Mais depuis la dénomination d’origine « La Cave Banchereau » a bien été rétablie sur le cadastre actuel.
En effet, différentes familles au patronyme de « BANCHEREAU » ont vécu en Touraine, Anjou et Poitou ; les plus connues répertoriées furent représentées par :
- les BANCHEREAU de la LONGUERAIRE, vieille famille du Poitou connue dès 1190 qui portait pour blason « d’hermines au lion d’azur » (Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, par H. Beauchet-Filleau, 1891).
- le seigneur de RICHEMONT-BANCHEREAU, qui vécut vers 1632 en Saumurois, avocat au Parlement, jurisconsulte et dramaturge français qui portait pour blason « d’argent à trois fasces de sable ». Il a écrit « Les passions égarées, ou le roman du temps » tragi-comédie en 5 actes en vers, éditée à Paris en 1632 chez Claude Collet au Palais (source BnF Paris, dépt. des imprimés, cote Yf.6862).
- en Touraine un Michel BANCHEREAU (1716-1780), conseiller du Roi, Maire de Tours de 1771 à 1778, ancien juge consulaire, négociant : il portait pour armes « d’or à la barre de gueules accostées de deux chicots de sinople, un en chef et l’autre en pointe ». Des jetons en argent ont été monnayés à son nom (Les jetons tourangeaux, comte Charles de Beaumont, 1901). Il épousa Madeleine Catherine Marguerite MOISANT à Tours en 1745. (… et par hasard ce fut son petit-neveu par sa femme qui fut propriétaire de la Cave Banchereau en 1834 : Félix-Victor BUDAN de RUSSÉ et son épouse Louise MOISANT citée plus bas).
Les propriétaires successifs
La closerie de la Cave Banchereau est mentionnée dans un acte du 1er septembre 1678 passé devant Maître Pottier, notaire et tabellion du Duché Pairie de Luynes ayant résidence à Saint-Patrice (Archives Dép. d’Indre-et-Loire, cote 3E42/332).
- Famille PRÉVOST (PREVOST)
Le plus ancien propriétaire connu à ce jour est le Sieur François PRÉVOST, seigneur de la Cave-Banchereau, qui est mentionné dans plusieurs actes différents dont un acte du 2 novembre 1698, bail de fermage en la cour de la baronnie de Saint-Michel-sur-Loire, devant Maître Vallée, notaire à Saint-Patrice, entre le sieur François PREVOST, bourgeois, et Claude POVROUX, laboureur, acte passé et signé au lieu de la Cave-Banchereau, pour la métairie de la Ruemillette, dont l’ancienne ferme faisait partie à l’époque du domaine de la Cave-Banchereau.
Puis en 1737 ce fut son fils René PREVOST, officier de police en la maréchaussée de Saumur, époux de dame Marie CARROUGE de BOUTEVILLE. Celle-ci, veuve, est citée également dans plusieurs actes de baux également pour la métairie de la Ruemillette, notamment le 11 novembre 1748 à l’encontre de Louis MOREAU, laboureur, et de sa femme Marie BOURELOIRE, par devant le notaire du Duché Pairie de Luynes, résidant à Saint-Michel-sur-Loire, Maître Bourillon. Le 14 mai 1763, dame Marie CARROUGE de BOUTEVILLE, veuve du sieur René PREVOST, est citée comme héritière de François DOUAULT, fabricant de soieries et propriétaire de la Baillardière à Berthenay (C 831 archives d’Indre-et-Loire).
Ensuite la propriété passa par succession à Pierre-Armand PRÉVOST (vers 1748-1792), conseiller du Roi, receveur des tailles de l’élection de Chinon, mais résidant à Saumur avec son épouse Catherine ALLAIRE (en 1748 il est encore mineur, et sa mère est usufruitière).
Le 16 juin 1761 il est mentionné comme acquéreur d’un demi-arpent de terre au lieu-dit la fosse Hallais paroisse de Saint-Michel qu’il paya 51 livres à Marin POTTIER, devant Maître Bourillon, notaire du Duché Pairie de Luynes résidant à Saint-Michel.
Le 24 mars 1768, Pierre-Armand PREVOST acheta également le petit manoir de la Flanière à Saint-Patrice, qu’il revendit le 8 juillet 1786. A ce sujet il y eut un procès que le sieur Pierre-Armand PREVOST eut en 1771 avec le marquis Fortuné GUILLON de ROCHECOT : il s’agissait de pièces déposées par M. de MONDION aux archives de Rochecot, relatives au fief de la Flanière. Cette terre ayant été acquise par le sieur PREVOST, celui-ci réclamait les titres pièces au marquis de Rochecot (Mémoire pour messire Fortuné Guillon, marquis de Rochecot, appelant de la sentence du Duché-Pairie de Luynes du 6 septembre 1771, contre Armand Prevost, receveur des tailles en l’élection de Chinon, imprimé à Blois chez JP Masson, imprimeur du Conseil supérieur, 1772, archives du château de Champchevrier, d’après les notes sur les seigneurs de Rochecot par le comte Jean de Beaumont).
Un acte de bail de fermage du 23 juillet 1775, par devant Maître Bourillon, notaire au Duché Pairie de Luynes résidant à Saint-Michel-sur-Loire pour la métairie de la Ruemillette, entre Pierre-Armand PREVOST et les époux MOREAU précise : « Les époux Moreau s’obligent de fournir au sieur bailleur Mr Prevost chaque an en sa maison de la Cave-Banchereau, vingt livres de beurre bon et frais depuis le jour de Saint-Jean-Baptiste jusqu’à la Toussaint, dix huit poulets dans ledit temps et six chapons audit jour de toussaint…., et de fournir en outre au sieur bailleur dix pointes de lait chaque an, et pourrons amasser de l’herbe dans le clos de vigne de la Cave-Banchereau. »
Après le décès de Pierre-Armand PRÉVOST, vers 1797, ce sont ses trois fils qui en héritèrent : Armand-René PRÉVOST, agent des eaux et forêts de l’arrondissement de Chinon, Pierre-Joachim PREVOST, brigadier d’artillerie à cheval au 7ème régiment de la république dans l’Armée du Danube, et Antoine PREVOST, propriétaire résidant à la Cave-Banchereau.
Les 3 frères sont cités dans un bail de fermage de la métairie de la Ruemillette du 4 thermidor an VIII (1800), par devant Maître Biermant, notaire à Langeais, à l’encontre du laboureur Gastien MORIEL et de sa femme Françoise GARBERON.
La famille PREVOST ayant gardé le domaine de la Cave-Banchereau plus d’un siècle, les enfants PREVOST le vendirent en 1800, et après ce fut une succession de propriétaires qui s’échangèrent le domaine assez rapidement.
- Louis-François RAMBUR
Les frères PREVOST vendirent le domaine de la Cave-Banchereau le 29 fructidor an VIII (17 décembre 1800) à Louis-François RAMBUR, propriétaire, et son épouse Catherine LACROIX-DUREPAIRE par devant Maître Victor Petit, notaire à Tours. Leur fils Pierre RAMBUR (1801-1870), médecin, devint un célèbre entomologiste français (Dictionnaire des Scientifiques de Touraine, Tours 2017). Les RAMBUR perdirent des jumelles, Marguerite et Louise, à l’âge de 3 mois en août 1803 à La Cave-Banchereau, et c’est sans doute ce qui les motiva à revendre le domaine si rapidement en décembre 1803.
- Jacques François Vincent LEMERLE de BRULENNE
Ceux-ci le revendirent donc assez rapidement à M. Jacques François Vincent LEMERLE de BRULENNE, officier de marine en retraite, et son épouse Marie Guillemette PERON le 22 frimaire an XII (15 décembre 1803) devant Maître Lepelletier, notaire à Ingrandes. Différents autres lieux sont cités comme faisant partie du domaine de la Cave-Banchereau, notamment l’avenue allant jusqu’à la levée de la Loire, le lieu et closerie de Beauregard, le lieu et métairie de la Ruemillette avec leurs bâtiments, dépendances, terres, prairies et bois : « La contenance dudit domaine de la Cave Banchereau étant au total de 44 hectares et demi ». Les LEMERLE de BRULENNE, originaires de Bretagne, portaient pour armes : « aux 1 et 4 , d’azur au croissant d’argent surmonté d’un merle de sable becqué d’or et accompagné de 3 étoiles aussi d’or ; aux 2 et 3 d’or à l’aigle éployé de sable » (Armorial d’Hozier, V 8, B6, f 353).
- Famille LAFRESNAYE
En 1814 le domaine fut acquis par Monsieur Jean-Baptiste GRIVOT de LAFRESNAYE, ancien commandant de la Maison du Roi, écuyer et officier de la Chambre de Madame son Altesse Royale la Duchesse d’Orléans mère, contrôleur des contributions directes au département d’Indre-et-Loire, demeurant à Sainte-Radegonde près de Tours. Il acquit la Cave-Banchereau le 22 décembre 1814 par acte passé devant Maître Lepelletier, notaire à Ingrandes, avec sa femme Marie-Louise LORÉ. Il fut Conseiller municipal de Saint-Michel-sur-Loire de 1824 à 1829. La famille de LAFRESNAYE est originaire d’Anjou.
Son épouse Dame Marie-Louise LORÉ, veuve en premières noces du sieur LABOUREAU, l’avait épousé en second mariage. Elle décéda à la Cave-Banchereau à 55 ans le 10 février 1828.
Leur fille mineure, demoiselle Eugénie Alexandrine GRIVOT de LAFRESNAYE, née à Tours le 23 août 1812, épousa à Saint-Michel-sur-Loire le 29 mars 1830 Hyppolite-Louis VALLÉE, pharmacien au Lude (Sarthe), en présence du « frère utérin » de la future, Monsieur Hyacinthe LABOUREAU, chanoine honoraire de la ville de Tours.
- Les BUDAN de RUSSÉ
En 1834 , c’est Félix-Victor BUDAN de RUSSÉ, avocat, juge auditeur au Tribunal civil de la Cour Royale à Angers, puis au Tribunal civil de Première Instance à Blois, et nommé en 1834 par le roi Louis Philippe juge d’instruction au Tribunal de Tours. C’est à cette période qu’il acheta le domaine de la Cave Banchereau suivant contrat passé devant Maître Biermant, notaire à Langeais, le 8 mars 1834. Né à Angers le 27 février 1801, il épousa à Tours le 19 janvier 1829 Mademoiselle Louise MOISANT, fille de Charles-François MOISANT qui fut propriétaire du château de Langeais de 1797 à 1839, et qui était le neveu de Michel BANCHEREAU, maire de Tours, cité plus haut. Les armes de la famille BUDAN de RUSSÉ (Anjou) figurent sur une vieille plaque de cheminée de la salle à manger de BANCHEREAU : « de gueules, à 2 triangles entrelacés, l’un dans l’autre en forme d’étoile, d’argent accompagnés en pointe d’un croissant de même ; en chef d’argent de 2 glands feuillés et tigés de sinople, les tiges passées en sautoirs. Comme support : 2 levrettes au naturel, de chaque côté de l’écusson, et celui-ci surmonté d’une couronne de marquis ». Devises : « et semper fidelis ».
Les terres du domaine étant affermées suivant bail du 17 novembre 1833 devant Maître Biermant, au sieur Noël Thomas GAURON, cultivateur (bail établi par l’ancien propriétaire).
Monsieur et Madame BUDAN de RUSSÉ chassaient à courre le chevreuil avec l’équipage de M. CAILLARD (ex « équipage de Poillé » ayant appartenu aux MOISANT), notamment en forêt de Rochecotte avec le marquis de CASTELLANE, ou au château de Chabrol chez la comtesse de CHABROL sur Saint-Patrice (La vénerie en Touraine, de Henri Doyen, 1948) et (Deux siècles de vénerie, tome 3, par H. Tremblot de la Croix).
Il fut également propriétaire du grand domaine de la Châtaigneraie, à côté de Langeais ; c’est d’ailleurs lui qui fit reconstruire le bâtiment actuel de la Châtaigneraie en 1846, ainsi que la chapelle où il fut inhumé en octobre 1862 (J.X. Carré de Busserolle, dictionnaire d’Indre-et-Loire, la Châtaigneraie).
- Jean LEBERT
En 1838, c’est Monsieur Jean LEBERT, propriétaire et marchand, qui acquit la propriété avec son épouse Adèle Léonore BIGOT, le 26 juin 1838 par devant Maître Biermant, notaire à Langeais. Monsieur LEBERT y installa dans les bâtiments du bas un moulin à blé, une forge, et une grande scierie mécanique avec chaudière à vapeur pour débiter des peupliers. Il déménagea tout ce matériel lors de la vente de 1844.
- Famille MANDROUX
En 1844 la propriété passa à M. Étienne MANDROUX, garde particulier des propriétés de M. Aubin de LOUIE. Il l’acheta les 29 et 30 avril 1844 devant Maître Biermant, notaire à Langeais, avec son épouse Emilie PIRAULT.
Le 9 février 1862, les MANDROUX revendent à M. MANDROUX-CHABOT, propriétaire demeurant à la Gaucherie à Restigné, devant Maître Biermant, notaire à Langeais.
- François-Léger GALLY
Le 23 juillet 1863 une adjudication aux enchères, rendue par le Tribunal civil de Chinon, rend propriétaire M. François-Léger GALLY, notaire à Langeais de 1853 à 1867, puis percepteur des contributions directes, demeurant avec son épouse Emilie EGRET à Cognac en Charente.
M. François-Léger GALLY fut également Conseiller Général du Canton de Langeais de 1871 à 1877 et maire de Langeais du 21 janvier 1878 à février 1881.
- Louis-Honoré LEMESLE-ASSIER et les BOISGIRARD
Le 10 avril 1881, Monsieur Louis-Honoré LEMESLE-ASSIER, maire de Saint-Patrice demeurant au petit manoir de la Flanière, en devint propriétaire de par son acquisition faite devant Maître Collinet, notaire à Langeais. A cette époque, la Cave-Banchereau était pratiquement tombée à l’état de ferme avec des vignobles autour. C’est d’ailleurs M. LEMESLE qui fit faire la cave Saint-Vincent en 1890 avec apposition des médailles du Comice agricole de Chinon de 1889 remportées par ses vins.

Saint-Vincent (actuellement sur la cheminée de notre salle à manger)

M. LEMESLE, habitant la Flanière, avait un fermier à la Cave-Banchereau, M. Henry BOISGIRARD.
M. Henry BOISGIRARD cultivait essentiellement de la vigne sur le coteau, et du chanvre dans les marais de la Cave Banchereau le long du Lane, petit ruisseau qui serpente en contrebas où se faisait le rouissage. Les balles de chanvre embarquaient traditionnellement au port de Bréhémont en face, sur la Loire, pour les Corderies Royales de Rochefort.
En 1895, quand M. LEMESLE décéda le 17 octobre, veuf et sans postérité, il légua par testament la propriété au fils mineur de son fermier : « Je soussigné Honoré Lemesle-Assier, maire de la commune de Saint-Patrice, propriétaire à la Flanière, sur cette même commune, donne lègue au sieur René-Urbain Boisgirard, mineur de 18 ans, fils aîné du sieur Henry Boisgirard, cultivateur demeurant la Cave-Banchereau, commune de Saint-Michel-sur-Loire, la maison située à la Cave-Banchereau avec ses dépendances, caves habitables, cave au vin, cave pour écurie cours, jardin, …, ainsi qu’une somme de mille francs qui sera employée à la plantation d’une vigne…, j’entends que les revenus des immeubles ci-dessus désignés soient employés à l’éducation et au bien être de mon légataire… ».
M. Honoré LEMESLE-ASSIER nomma comme exécuteur testamentaire son neveu Albert LEMESLE-POLACK, propriétaire du château de Planchoury, maire de Saint-Michel, et membre du Conseil général d’Indre-et-Loire, auquel il laissera le petit manoir de la Flanière.
L’exécution de ce testament et la délivrance du legs fait à M. Urbain BOISGIRARD ont été consenties suivant acte passé devant Maître Colin, notaire à Langeais, le 3 décembre 1895.
Quand il hérita de la Cave-Banchereau, M. Urbain BOISGIRARD était apprenti coiffeur à Paris, et devint par la suite directeur à la Société d’assurance le Zénith à Paris.
En 1921, au décès d’Urbain BOISGIRARD le 6 août, Maître Benoit notaire à Paris, dans l’intitulé de l’inventaire dressé le 15 septembre 1921, nomme héritier son fils René BOISGIRARD, qui demeurait à Paris avec sa mère Mme Marie-Julie PATTE. René BOISGIRARD devint commissaire priseur et créa la maison de vente Boisgirard-Antonini à Paris, toujours bien connu à Drouot.
- René BIJARD et sa descendance
Le 27 février 1932, la Cave-Banchereau fut acquise par le grand-père maternel du propriétaire actuel.
M. René BIJARD, administrateur et président de sociétés de transports, et son épouse d’origine belge, Lucienne LOONTJENS-DELHAIZE, demeurant à l’époque à Anvers en Belgique, achetèrent Banchereau devant Maître Millet à Langeais. Plusieurs actes furent nécessaires pour racheter les différentes parties aux BOISGIRARD, GAURON, GICQUEL, GANNAY, etc. et en firent leur résidence de vacances d’été après beaucoup de travaux nécessaires.
Durant la période de la Guerre 1939-45, le 9 août 1944, alors que la famille BIJARD était à Banchereau, un train s’est fait bombarder entre les caves Borellies et La Flanière non loin de Banchereau, par l’aviation alliée, des avions « mosquitos » anglais de la Royal Air Force. Une des bombes tomba sur le tennis de Banchereau, créant un cratère et abimant une partie du grand mur de la 3ème terrasse qui fut remonté par la suite. Fin août 1944 une section de soldats américains est venue loger à Banchereau, installée dans les dépendances du bas. Un des soldats, le sergent John COUGHLIN a laissé mémoire de son passage avec un graffiti dans le tuffeau sur le côté de la porte de la cave Saint-Vincent, mentionnant son nom, grade, date de naissance et année de passage.
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Après le décès de Madame René BIJARD à 97 ans en 1995, c’est son petit fils Olivier RANJARD et son épouse Béatrice qui, après avoir passé 27 ans en Afrique de l’Ouest dirigeant des filiales de sociétés de transports maritimes et manutentions portuaires, ont acquis Banchereau de sa maman Thérèse BIJARD-VERVOORT le 29 avril 1996.
Encore beaucoup de travaux de restauration furent nécessaires pour redonner à Banchereau son aspect rieur et chaleureux d’antan...

Chronique très documentée, très précise.