
C comme Cuclu, moulin de Saint-Germain sur Vienne (lieu-dit Rassay) :
Article de Monique GROUSSIN, Trésorière du Centre Généalogique de Touraine.
C comme Chisseaux, le moulin fort :
Article de Catherine BAS-DUSSEAULX, Vice-Présidente du Centre Généalogique de Touraine.
Le moulin Cuclu de Saint-Germain-sur-Vienne
(lieu-dit Rassay)
En direction de Chinon depuis Candes-Saint-Martin, à Rassay, commune de Saint-Germain-sur-Vienne, une belle masse rectangulaire en tuffeau domine les rives de la Vienne. Ce très important moulin-cavier, dont la maçonnerie a été restaurée, comporte sa tour démunie depuis longtemps de sa cage en bois.

Rabelais est du pays ! « Moulin Cuclu » son nom inspiré des « Contes drolatiques » de cet écrivain.
Construit en 1845, le meunier connu en 1880 est Joachim BOUVET et, par la suite, son fils Louis BOUVET et son gendre Pierre Gustave MOINE l’exploiteront. Gustave était encore en activité en 1940-1945, rendant de grands services pendant cette triste période.
Le vieux meunier, maître MOINE, entendit des craquements, des plaintes, c’était le moulin qui annonçait sa fin, on n’avait plus besoin de ses services ! La hucherolle, avec ses ailes décharnées depuis longtemps, tomba lors d’une violente bourrasque alors que ses ailes en planches n’avaient pas été fermées ! C’était en 1945.
Longtemps le vieux moulin fut abandonné, ouvert à tous vents, s’acheminant vers la ruine. Aujourd’hui réhabilité, les pierres de tuffeau nettoyées, rejointées, il a repris son architecture de jadis, sans, hélas retrouver ni sa hucherolle ni ses ailes.
Matrice cadastrale Carte postale AD37 10Fi220-0007
Les meuniers
Joachim BOUVET est né le 20 février 1792 à Saint-Germain, il est le fils de Joachim BOUVET et de Françoise THENIN.
Il épouse Marguerite Marie VILLAIN le 16 janvier 1815 à Saint-Germain (où elle est née le 19 frimaire an VI (9 décembre 1997) ; elle est la fille de François VILLAIN et de Marguerite VERRONEAU.
6 enfants naîtront de cette union :
- Leur 1er fils Joachim BOUVET naît le 16 décembre 1818. Meunier au moulin de Rassay de Saint-Germain, il épouse le 20 mai 1856 à Thizay Marie BAILLARGEAU née le 23 janvier 1828 à Cinais (elle est la fille d’Urbain et de Jeanne MUREAU).
Puis naissance de : - Marguerite Louise, le 14 mars 1821.
- Louis, le 13 août 1823.
- Marie, le 28 juin 1826
- François, le 23 mars 1828, jumeau avec sa sœur Louise.
- Louise, le 23 mars 1828, jumelle avec son frère François.
Leur 5ème enfant, François meunier au moulin de Rassay épouse, le 30 septembre 1851 à Saint-Germain-sur-Vienne, Françoise MAUNAY née le 6 novembre 1832, fille du meunier Jean MAUNAY et de Françoise BOUCHET.

En 1856, les deux frères Joachim et François travaillent ensemble au moulin de RASSAY avec le beau-père de François, le meunier Jean MAUNAY. Mais Joachim et son épouse Marie BAILLARGEAU, ainsi que ses parents, Joachim et Marguerite VILLAIN, demeurent dans la vallée de Crotte.
Les enfants de Joachim BOUVET et de Marie BAILLAGEAU
- Marie, née le 11 avril 1857 (elle décède à l’âge de 5 ans le 16 mars 1863).
- Joachim, né le 25 avril 1858, meunier. Il épouse le 18 avril 1896, à Vézière (Vienne), Marie Françoise CHAMPION née le 17 novembre 1869, fille de François et de Joséphine BAUDOUIN.
- Louis, né le 16 avril 1862, meunier et célibataire (il décède le 13 janvier 1933 à Saint-Germain-sur-Vienne).
- Louise, née le 5 juin 1865 ; elle épouse le 20 octobre 1896 Pierre « Gustave » MOINE, né le 7 septembre 1870 à Fontaine-le-Comte (Vienne), fils de Louis Mery Salvane MOINE et de Marie Anne JOUANNEAU : il est cocher mais deviendra meunier.
- Pauline, née le 1 mars 1868. Elle épouse le 18 juillet 1894, à Savigny-en-Veron, Louis François FOURNIER cultivateur, fils de Jean FOURNIER (décédé au bagne de l’Île-Noire en Nouvelle-Calédonie le 11 juillet 1887) et de Marie Louise MEXMAIN (décédée le 20 avril 1883 à Savigny-en-en-Véron).
Joachim BOUVET fils Louis BOUVET fils
Louise BOUVET fille Pierre Gustave MOINE

En 1872 Joachim est le meunier de Rassay : il y demeure avec son épouse Marie BAILLARGEAU et leurs enfants : Joachim, Louis, Louise et Pauline. Il est aidé par Louis ALZON, garçon meunier âgé de 20 ans.
Les enfants de Pierre Gustave MOINE et de Louise BOUVET
- Gustave Louis, né 13 octobre 1897 à Saint-Germain-sur-Vienne. Meunier, plus tard il se déclare minotier. Il épouse Clotilde PERRET le 14 juin 1921 à Thizay, née le 5 décembre 1903, fille de Joseph et de Marie-Louise GAMBIER.
- Lucie, née le 6 octobre 1899 (décèdera le lendemain).
- Rachel Marie, née le 8 juin 1901 (décédera 1 an plus tard le 7 juin 1902).
- Espèrance Désirée Rachel, née le 11 juin 1903 : elle épouse Augustin Armand PICQUIER le 12 octobre 1925 à Saint-Germain, né le 12 juillet 1894.
En 1901, Louis est le meunier du moulin de Rassay, aidé de Jean ALZON, garçon-meunier âgé de 27 ans, et du mari de sa sœur Louise, Pierre Gustave MOINE.
Sur le recensement de 1931, Gustave Louis BOUVET, son épouse Clotilde PERRET, leur fille Mathilde âgée de 4 ans et Louis BOUVET (l’oncle de Gustave) vivent tous les quatre au lieu-dit « le Peuil » à Saint-Germain-sur-Vienne.

Gustave MOINE Clotilde PERRET
Durant la Guerre de 1914-1918, Gustave Louis MOINE a été incorporé à compter du 6 septembre 1916 au 261ème Régiment d’Artillerie. Il est identifié comme mesurant 1m 67, avec les cheveux et les yeux noirs, le front moyen, le nez rectiligne et le visage ovale. Son degré d’instruction est relevé de niveau 3.
Envoyé en congé illimité de démobilisation le 30 septembre 1919, il retrouve son métier de minotier entrepreneur de battages.
Gustave Louis MOINE sera le dernier meunier « minotier » du moulin de Rassay. Il décèdera le 28 avril 1978 à Chinon.
AD37 – 10Fi220-0021
Sources :
– Gabriel-Henri PENET « Les Moulins de Touraine »
– AD37, AD86, base CGDT
Le moulin fort de Chisseaux
Le Moulin Fort de Chisseaux[1], situé sur une île du Cher, a été construit au XVIème siècle par Adam de Hodon XVI après de nombreuses négociations avec la corporation des marchands de la Loire et de ses affluents. Acheté par Diane de Poitiers, favorite du roi Henri II durant 20 ans, elle le réunit à sa châtellenie de Chenonceau en 1556. Il est récupéré par Catherine de Médicis en 1560 à la mort du roi. Comme son nom l’indique il s’agit d’un moulin à eau banal fortifié, avec ses éléments de défense : machicoulis, archères, tours…

C’est en 1825, à l’apogée de l’activité de tannerie en Touraine, qu’il devient moulin à tan après de nombreuses transformations[2].
En 1840, à la suite de la « canalisation » du Cher, le moulin est démantelé et sa roue pendante enlevée. Le pont de la rive droite est supprimé. On rejoint l’île en bateau plat tracté par une poulie accrochée à un câble traversant la rivière. Le site sera laissé à l’abandon jusqu’à sa reconstruction par la famille DUPIN à la fin du XIXème, où il sera relié de nouveau à la rive droite par un pont. Finalement, alors qu’il était en ruines, il est complétement restauré vers 1920 par la famille MENIER, propriétaire du château de Chenonceau. Depuis, différents propriétaires ont poursuivi la réhabilitation en résidence, assurant la sauvegarde d’un patrimoine pour le moins spécifique.

Aujourd’hui le moulin fort de Chisseaux, véritable bijou architectural, peut à première vue ressembler à un manoir de la vallée de la Loire ; seules les arches trahissent sa vraie fonction d’origine, un moulin fortifié.
Si l’ancien moulin fortifié reste une propriété privée, on peut toutefois l’admirer depuis la rive droite du Cher, quelques centaines de mètres avant l’écluse de Chisseaux.

Au moment de la Révolution, le moulin qui était alors un moulin à farine était occupé par Michel SAGET et sa famille.
En 1795, celui-ci eut à faire avec la justice locale au cours d’une campagne de vérification des poids et mesures, comme le prouve le texte suivant (dont l’orthographe a été conservée).

Délibération du Conseil Municipal de Chisseaux (37) en date du 11 messidor an III :
« Aujourd’hui onze messidor l’an 3ème de la République française une et indivisible, nous officiers municipaux et agent national assemblé à l’effet de constater les poit et mesure des différant de Bitants de cette commune, parvenus dans le domicile du Citoyen Michel SAGET, meunier du Moullin for connu pour être dans lussage de vendre du pain tant aux abitants de cette commune qu’au voyageur de passage, après l’avoir instruit de notre transport lavons somm& au Nom de la Loy de nous présenté le poit et balance ou croché dont il est dant lussage de ce servir pour pesser le pain qu’il veut. Aquoy ledit Saget nous a répondu quil navait ny poit ny balance et quil été dans lussage de ce servir dune père de croché quil savait bien qui marquoit neuf pour huit mais qui ne percevait jamais que son du. a l’instant le dit Saget nous a présenté le dit croché. Après lavoir fait pessé au poit de huit livres quil nous a été transmie par la municipalité de Chenonceau et dont (…..) est du saige de ce servir dans les municipalité voisine pour vérifier les poit des marchands en semblable visit.
Après avoir confronté le dit croché il a été reconnu que le dit croché marquait le poit de neuf pour le poit de huit et progressivement ce qui metait les acquéreurs dans le ca d’une perte considérable. Ce requerent Lagent municipal, la municipalité a arresté que le dit croché serait dépossé au greffe de cette municipalité et que le dit Saget serait (….) de se procuré sous vingt quatre heures deus poit et balance convenable pour la distribution de sont pain, qu’expédition du présent sera remisdens le jour au citoyen Saget et semblable envoyer dent Leplus court de laie le juge national près le tribunal du district d’Amboise pour pas lui être prié pour l’excecution de La Loy tel messure que la prudence lui sucgerrerai.
Fait clos et arresté le dit jour et an que dessus.
(Suivent les signatures)

La famille SAGET est très importante : voici la branche qui concerne Michel SAGET, le meunier de Chisseaux.
L’histoire de toute cette famille commence néanmoins vers 1650 avec Pierre SAGET et Madeleine PELE qui eurent de nombreux enfants dont François.
1ère génération
Pierre SAGET, décédé le16 mai 1687 à Tauxigny (37), laboureur.
Il épousa Catherine PELE, née vers 1625, décédée le 24 juin 1705 à Tauxigny (37).
2ème génération
François SAGET, né le 29 septembre 1663 à Tauxigny (37), décédé le 15 juillet 1718 à Tauxigny (37), laboureur.
Il épousa le 8 juillet 1689 à Tauxigny (37), Martine CLAVIER, née le 4 mars 1668 à Tauxigny (37), décédée le 23 mars 1740 à Tauxigny (37).
3ème génération
Jacques SAGET, né le 26 décembre 1696 à Tauxigny (37), décédé le 1er juillet 1753 à Tauxigny (37) marchand fermier.
Il épousa en premières noces le 4 mai 1722 à Saint-Branchs (37), Jeanne MARCHAU, née le 14 avril 1702 à Saint-Branchs (37), décédée le 30 juin 1719 à Tauxigny (37).
4ème génération
François SAGET, né le 8 avril 1734 à Sublaines (37), décédé le 14 novembre 1811 à Sublaines (37), Aubergiste de la Croix-Verte à Cormery en 1759, en 1761. Il est qualifié de « bourgeois de Cormery », puis fermier de la Tour à Saint-Branchs (37) en 1762, enfin : marchand à Sublaines dont il sera maire.
Il épousa en premières noces le 10 février 1755 à Chédigny (St-Pierre) (37), Marie Anne RADAULT, née vers 1735, décédée le 3 mars 1766 à Sublaines (37). Il épousa en secondes noces le 17 juin 1766 à Sublaines (37) Madeleine DAUBRON, née le 24 septembre 1744 à Athée-sur-Cher (37), décédée le 30 octobre 1772 à Sublaines (37).
5ème génération, issue du second mariage
Sylvain Michel SAGET, né le 29 septembre 1767 à Sublaines (37), décédé le 11 octobre 1846 à Chenonceaux (37), meunier du Moulin Fort à Chisseaux en 1795, propriétaire. Il épousa le 1er mai 1792 à Dolus (37) Catherine BLESVE, né le 19 mars 1772 à Dolus (37), décédée le19 juin 1850 à Chenonceaux (37).
5 enfants sont nés de cette union :
- Catherine SAGET, née le 18 mars 1793 à Dolus (37), décédée le 10 octobre 1878 à Chenonceaux (37) mariée le 22 octobre 1822 à Chenonceaux (37) avec Quentin ALLAIN, vigneron, né le 30 prairial an VIII à La Croix-en-Touraine (37), décédé le 5 décembre 1879 à Chenonceaux (37) d’où descendance.
- Silvain Michel SAGET, qui suit.
- Silvine SAGET, née en 1794, mariée le 28 juillet 1813 à Chenonceaux (37), avec François CORMIER, née le 13 mars 1795 à Chisseaux (37).
- Étienne, né le 12 décembre 1806 à Chisseaux (37).
- Benjamin, né le 23 septembre 1809 à Chenonceaux (37).
6ème génération
Silvain Michel SAGET, né le 19 avril 1800 Chisseaux (37), tonnelier, décédé le 7 avril 1879 à Chisseaux (37), propriétaire. Il épousa le 28 novembre 1827 à Chisseaux (37), Monique SIMON, née le 10 octobre 1807 à Chisseaux (37).
1 enfant est né de cette union :
- Apauline SAGET, née le 6 octobre 1828 à Chisseaux (37), mariée le 8 juin 1847 à Chisseaux (37) avec Jacques Henri BREUZIN, né le 15 octobre 1820 à Chisseaux (37), cultivateur propriétaire.
[1] https://www.moulinsdefrance.org/publications/patrimoine-dindre-et-loire-le-moulin-fort-de-chisseaux/
[2] Cette assertion est démentie par un extrait des délibérations de la commune de Chisseaux qui prouve que le moulin était à « écorce » donc à tan dès 1807. (Source Micheline JOUBERT, CGDT 1145, 7 mars 2006) Délibération du Conseil Municipal de Chisseaux (37) en date du 23 décembre 1807

« Du 23 décembre est comparu le C(itoyen) Blaise OURY, fermier du moulin à écorce et Batteur d’……., lequel nous a déclaré qu’il y a 15 jours, une toue est venue sembarasser dans la pelle de son moulin et a brizé six planches de ladite pelle, que personne ne setant présenter pour réclamer la dite toue, il nous en fait la déclaration.
Surquoi lui avons enjoins de la tirer à labrit, de sa roue, que nous allions la faire anoncé a l’issue de la messe pour quelle fut réclamé, lui enjoignant de cette diffusion faite, nous en donner avis ; ce qu’il a promis de faire ; à déclarer ne scavoir signer, après lecture. Arresté le 23 décembre 1807. »

Article très intéressant, vu plus du côté humain que technique. Très bien illustré aussi.
J’ai beaucoup aimé. Merci