
Article de l’Atelier
du Centre Généalogique de Touraine
Claude CHAPPE (1763-1805)

Claude CHAPPE d’AUTEROCHE est né à Brûlon (72) le 25 décembre 1763, fils de Ignace CHAPPE d’AUTEROCHE et de Marie Renée de VERNAY de VERT. Il est baptisé le lendemain à l’église de Brûlon ; il a eu 9 frères et sœurs.
Il débute ses études au collège de Joyeuse à Rouen (76), passionné par les livres de son oncle, l’abbé Jean CHAPPE d’AUTEROCHE astronome.
Claude, destiné à l’église comme cadet de famille noble, est envoyé au Séminaire de La Flèche (72) pour y terminer ses études.
Son titre d’abbé commanditaire ne l’obligeant à aucune fonction ecclésiastique, il établit un cabinet de physique à Bagnolet (93) et y installe sa résidence.
Ses travaux pour prouver la théorie de la foudre par l’électricité lui valent d’être reçu, en 1792, membre de la Société philomatique (fondée en 1788). Le 2 novembre 1789, l’Assemblée constituante supprime les bénéfices et Claude revient à Brûlon (72) où il retrouve ses 4 frères dont les 3 aînés avaient également perdu leurs positions. Le génie de Claude va leur procurer à tous une nouvelle situation.
Généalogie de Claude CHAPPE
Premières expériences télégraphiques
Claude CHAPPE souhaite aider le gouvernement pour transmettre ses ordres en province le plus rapidement possible ; il reprend donc ses recherches sur la communication à distance, avec l’aide de ses frères.
Ils se servent du vocabulaire primitif imaginé par leur cousin DELAUNAY, ancien consul de France à Lisbonne, vocabulaire qui servira jusqu’en 1795.
Le 2 mars 1791, ils expérimentent le premier télégraphe aérien devant les officiers et notables de Parcé en transmettant leur message entre un poste installé sur la plateforme du château de Brûlon et l’autre 15 km plus loin, sur une maison à Parcé. L’expérience est renouvelée le lendemain, également avec succès.
Muni des procès-verbaux dressés par les communes de Brûlon et de Parcé se rend à Paris et entame les démarches pour obtenir la permission d’établir un télégraphe sur l’un des pavillons de la barrière de l’Étoile, à gauche en sortant de Paris. Ses expériences, menées avec ses 2 frères, remportent un vif succès jusqu’au matin où ils découvrent que leur appareil a été enlevé du pavillon pendant la nuit.
Son frère Ignace, élu député de la Sarthe à l’Assemblée législative le 5 septembre 1791, obtient l’appui du gouvernement et, le 22 mars 1792, l’Abbé CHAPPE présente sa découverte à l’Assemblée législative, qui renvoie vers le Comité de l’Instruction publique l’étude de ces « moyens de correspondance à des distances fort grandes dans des temps fort courts ».
Le 12 mars 1793, la Convention prend enfin les projets d’essai télégraphique en considération et autorise un essai le 1er avril. Une somme de 6.000 francs est octroyée sur les fonds libres de la guerre pour le projet et la Convention autorise un nouvel essai le 2 juillet 1793.
La forme du Télégraphe dit de Chappe est alors définitivement arrêtée :

1 télégraphe extérieur
composé de 3 branches mobiles dans un même plan vertical, peintes en noir pour qu’elles se détachent sur le fond du ciel, mues à l’aide de 3 cordes sans fin de fil de laiton, de 3 poulies et de 3 pédales relié à
1 second télégraphe identique mais plus petit, placé en-dessous dans une chambre couverte et qui dicte les mouvements du mécanisme extérieur

Après le décès de Claude CHAPPE en 1805, c’est son frère Abraham qui construit la ligne Paris-Bayonne, celle qui traverse la Touraine conformément à l’Ordonnance royale de Louis XVIII du 25 septembre 1822.
Inspecteur général des lignes télégraphiques, c’est lui qui choisit les emplacements des relais et qui contrôle le bon fonctionnement de la ligne. Un signal met 12 mn pour la parcourir ; pour 1/2 page de texte, il faut au minimum 1 h 30 par beau temps.
La ligne comporte 81 postes jusqu’à Bordeaux et 29 jusqu’à Bayonne
14 d’entre eux se trouvent en Touraine :
Saint-Ouen / Pocé / Vouvray / St-Georges / La Tranchée / Tours / Chambray
Montbazon / Sorigny / Ste-Catherine / Maillé / Ports-la-Plaine et Nancré
Les stations en Touraine
Ces postes sont espacés de 5,5 km en terrain accidenté et jusqu’à 11 km en terrain plat.
Les « stationnaires » assurent la répétition des signaux de proche en proche : ces signaux sont codés afin d’en préserver le secret. La transmission est rapide et la reconnaissance des signaux facilitée par une lunette grossissant de 40 à 60 fois.
Chambray-lès-Tours
La station était située au lieu-dit « Le Télégraphe » à 93 m d’altitude. Tour carrée de 5,60 m de haut avec un toit pyramidal doté d’une plateforme, démolie vers 1180.


Maillé
L’emplacement est indiqué sur la carte d’état-major 1820-1866 : la tour se trouvait en limite de Draché, au sud du lieu-dit « La Bruyère » presque à l’angle de 2 chemins.
Édifice carré en moellons, haut de 9 m, à 70 m à l’ouest du chemin menant au château d’eau.
La distance entre le relais de Maillé et celui de Sainte-Maure est de 7 km.
Marigny-Marmande
Le télégraphe est installé en 1823 et placé au sommet d’une tour carrée en pierre, à 131 d’altitude.
La tour est toujours visible, située dans la forêt du Château de Noiré sur la route de Jaulnay, au sud du bourg de Nancré rattaché à Marigny-Marmande en 1832.


Montbazon
Installé en 1823 sur deux mois, le télégraphe a nécessité 2 tonnes de fer, 50 kg de fil de fer, 64 kg de fil de laiton,59 kg de cuivre, 930 kg de plomb, 120 feuilles de fer blanc et 19 feuilles de tôle.
Tout le matériel a été assemblé à l’angle sud-ouest du donjon, à 100 mètres d’altitude.
Aujourd’hui, seule la balustrade est encore visible, près de la statue de la Vierge posée en 1866, au sommet du donjon.
Pocé-sur-Cisse
La tour se dresse immédiatement à l’ouest de la maison de Beauregard, à 250 m au sud de l’actuel château des Landes et à 2,3 km au nord-ouest de l’église de Pocé.
Situé à 8 km de la station de Saint-Ouen-les-Vignes, il était installé à 114 m d’altitude.


Ports
Le télégraphe est installé en 1826, près de la ferme de la Plaine sur la commune de Ports. Il ne reste que trois pans à la tour carrée d’origine, située à 116 mètres d’altitude. Le télégraphe est mentionné sur le plan cadastral napoléonien de 1827 et le lieu-dit est signalé.
Le poste était situé à 6,5 km de Maillé.
Rochecorbon
L’altitude de la tour du Hibou, appartenant à l’abbaye de Marmoutier, étant insuffisante, celle-ci a été rapidement remplacée par une autre cour carrée construite à l’altitude de 100 m, en pierre de taille, couverte d’un toit pyramidal et haute de 5,40 m.
Ce relais, situé sur la commune de Saint-Georges-sur-Loire rattachée à Rochecorbon en 1808, était à 7 km de celui de Vouvray.


Sainte-Maure
La tour du télégraphe, modeste construction carrée en moellons haute de seulement 3,25 m, était située en 1826 à 1,3 km au nord du bourg sur le côté droit de la RN10, à 500 m au nord du lieu-dit « Le Point du Jour ».
Ce relais a été ensuite transformé en maison d’habitation, abandonnée au milieu des champs à 60 m à l’est de la route, couverte d’un toit en tôle ; sa porte est encadrée de blocs de tuffeau moulurés.
Relais distant de 7 km de celui de Saint-Épain, l’endroit (appelé « le Télégraphe » dans le Carré de Busserolle) était à une altitude de 116 m.
Sorigny
Le télégraphe est installé en 1822 sur la Tour d’Isoré, à 250 m au sud du bourg de Sorigny, près de la route de Paris vers l’Espagne.
Il ne reste aucun vestige à ce jour de la tour carrée en tuffeau de 12 m de haut avec un toit pyramidal, située à 97 m d’altitude.
Ce poste était situé à 5,2 km de celui de Saint-Épain.


Saint-Épain / Sainte-Catherine
Le relais, situé à une altitude de 122 m, était positionné au bord de la RN10 au lieu-dit « La Poste sud » à 8,2 km au sud du bourg de Sorigny, en limite de la commune de Sainte-‑Catherine-de-Fierbois à 7,9 km de la tour précédente.
Aucun vestige de cette petite tour en tuffeau haute de 3 m.
Tours
Cette station se trouvait sur l’ancien hôtel de ville situé près du Pont de Tours.
Siège de la Direction régionale du Télégraphe, le bâtiment possédait sur son toit 2 postes de signalement :
L’un situé sur la gauche du bâtiment, tourné vers l’est et Paris (ligne vers Rochecorbon et Orléans) : bâti en bois, à plateforme, de 20 m de haut. L’autre près du centre de la toiture, tourné en direction du poste de la Tranchée, qui transmettait ainsi les signaux vers le sud et Bordeaux.
Tours – La Tranchée
Tour carrée haute de 10,45 m et située tout en haut de la Tranchée, sur l’ancienne commune de Saint-Symphorien, à 1 km au nord de Tours sur le rebord du coteau.
Ce relais était chargé de renvoyer, vers la station de Chambray et vers le sud, les messages transmis par l’Hôtel de ville situé au bord de la Loire, à une attitude relativement basse (environ 50 m).



Vouvray
La tour est située au lieu-dit Les Carroirs (Caroy), en limite de la commune de Vernou à 2 km au nord-est du bourg et à 109 m d’altitude.
Tour carrée en moellons de 5,70 m de haut avec un toit pyramidal (transformée à ce jour en cave à vin).
Ce relais est à 10, 8 km de celui de Pocé-sur-Cisse.

Très bel exposé
Très intéressant
Bonjour, Intéressant article sur ce télégraphe,souvent méconnu. Si certains veulent en savoir plus, Michel Bertrand a réalisé un petit livre sur la technique de ce télégraphe, les règles, le personnel… et la station de Sainte-Maure appelée curieusement « Saint-Maur ». (Accessible sur thebookedition.com)